Double activité en Suisse

Guide pour les freelances exerçant plusieurs professions

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De plus en plus de freelances et d'indépendants en Suisse suivent des voies doubles et exercent plusieurs activités professionnelles en parallèle. Cette forme de double activité signifie avoir plusieurs sources de revenus en même temps – que ce soit par une combinaison de travail indépendant et d'emploi, ou par deux activités commerciales indépendantes. Dans le monde du travail d'aujourd'hui, il est assez courant d'être à la fois salarié et travailleur indépendant simultanément. Cela soulève cependant de nombreuses questions et obligations, notamment en matière d’impôts, d’assurance sociale ou de cadres juridiques. Ce guide met en évidence tous les aspects pertinents de la double activité en Suisse et fournit aux indépendants des conseils pratiques sur la manière de combiner de manière optimale plusieurs activités sans se heurter à des conflits ou à des pièges.

Que signifie « double activité » dans le contexte suisse ?

Sur le plan professionnel :** En Suisse, la double activité désigne l'exercice simultané de deux voies professionnelles. Concrètement, cela signifie qu'une personne exerce deux (ou plusieurs) emplois ou sources de revenus en parallèle. Parmi les cas typiques, on peut citer un emploi à temps partiel en parallèle d'une activité indépendante, ou plusieurs projets dans différents domaines. Il est important que ces activités parallèles soient organisées indépendamment et que la personne effectue des tâches distinctes dans chaque rôle.

  • Sur le plan fiscal :** la double activité génère des revenus multiples qui doivent être pris en compte fiscalement. Il n'y a pas d'imposition distincte par activité ; tous les revenus sont finalement additionnés dans la déclaration d'impôts et évalués conjointement. Cependant, l'administration fiscale exige que les différents revenus soient déclarés de manière transparente, par exemple séparément pour le travail salarié et le travail indépendant. Cela permet une application correcte des déductions et des calculs (voir section 3 pour plus de détails fiscaux).

  • Droit des assurances sociales : en Suisse, les assurances sociales font une distinction claire entre le travail salarié et le travail indépendant. En cas de double activité, il est possible que les deux statuts s'appliquent simultanément à la même personne. L'AVS évalue chaque activité séparément afin de déterminer s'il s'agit d'une activité indépendante ou salariée ; une analyse exhaustive de toutes les activités n'est pas effectuée. Par conséquent, vous devez payer les cotisations AVS correspondantes pour les deux « voies » (par exemple, cotisations AVS sur le salaire salarié et sur le bénéfice du travail indépendant). De plus, des règles d'assurance différentes s'appliquent : en tant qu'indépendant, par exemple, vous n'êtes pas assuré contre le chômage ni automatiquement couvert en cas d'accident, et le deuxième pilier (prévoyance professionnelle) ne s'applique pas automatiquement. Ces spécificités sont détaillées au chapitre 4.

  • Sur le plan juridique : La double activité soulève également des questions de droit du travail et de droit des contrats. Les personnes qui exercent simultanément une activité salariée pour leur propre compte doivent respecter les obligations du droit du travail, telles que la loyauté envers leur employeur (absence de concurrence, de préjudice pour la performance professionnelle, etc.). La réglementation sur le temps de travail reste applicable : la durée maximale de travail hebdomadaire autorisée par la loi (généralement 45 ou 50 heures) et les périodes de repos journalières d’au moins 11 heures doivent être respectées, même si les heures sont réparties entre deux emplois. Il y a aussi la question de la responsabilité : dans le cadre d’un emploi, l’employeur est souvent responsable des dommages, alors que dans le cadre d’un travail indépendant, vous êtes personnellement et entièrement responsable. La double activité signifie donc naviguer dans de multiples relations juridiques, chacune avec ses propres règles.

En résumé, la double activité dans le contexte suisse signifie exercer simultanément plusieurs rôles professionnels, avec des effets correspondants sur les impôts, les cotisations sociales et les obligations légales. Les sections suivantes détaillent les aspects les plus importants.

Exemples typiques de double activité chez les freelances

Toutes les doubles activités ne se ressemblent pas. Il existe différentes façons de structurer des activités parallèles, notamment pour les freelances et les travailleurs indépendants. Voici quelques exemples typiques :

  • Simultanément salarié et travailleur indépendant : Il s'agit probablement du modèle le plus courant. Par exemple, une personne travaille à temps partiel (par exemple, 50 %) dans une entreprise tout en créant sa propre activité indépendante. Cette configuration offre une stabilité financière grâce au salaire et à la liberté entrepreneuriale de l'activité complémentaire. Important : La deuxième activité ne doit pas entrer en concurrence avec l'employeur ni nuire à la performance, sous peine de conflits d'intérêts (voir section 6).

  • Deux activités indépendantes parallèles : Un freelance peut également gérer deux entreprises distinctes simultanément. Par exemple, une personne qui travaille comme développeur web et photographe en freelance, ou une personne qui gère simultanément un cabinet de conseil et une boutique en ligne en tant qu'entreprise individuelle. Juridiquement, il s'agit du même travailleur indépendant avec plusieurs sources de revenus. En pratique, cependant, la comptabilité et le temps consacré à chaque activité doivent être séparés afin de garantir une bonne gestion.

  • Activité dans différents cantons : Une double activité peut également se produire géographiquement. Par exemple, un travailleur indépendant réside dans le canton A, mais gère également un projet/bureau dans le canton B. Les cantons suisses ayant leurs propres autorités fiscales, ce cas est traité selon une répartition fiscale : les revenus sont attribués aux cantons en fonction du lieu d'activité et y sont imposés. En général, une seule déclaration d'impôt doit être déposée dans le canton de résidence ; l'administration fiscale se charge ensuite de la répartition entre les cantons (pour les activités intercantonales). Il est toutefois important d'informer les autorités fiscales si vous démarrez une activité indépendante hors de votre canton de résidence.

  • Double activité transfrontalière : Dans un monde du travail de plus en plus connecté, les travailleurs indépendants travaillent souvent simultanément dans plusieurs pays. Par exemple, une personne peut occuper un emploi à temps partiel en Suisse et travailler en freelance pour des clients à l'étranger (ou inversement). Dans de tels cas, des questions supplémentaires se posent : Où les revenus sont-ils imposés ? Quel est le pays responsable de la sécurité sociale ? Au sein de l'UE/Suisse, des règles de coordination s'appliquent : en règle générale, vous êtes assuré socialement dans le pays où vous exercez votre activité salariée ; cette règle prévaut en cas d'activité indépendante à l'étranger. Sur le plan fiscal, cela dépend des conventions de double imposition ; les revenus étrangers sont généralement soit exonérés (avec clause de progression), soit crédités, mais doivent être déclarés dans la déclaration d'impôt suisse. Ces cas transfrontaliers sont complexes et doivent être examinés avec des professionnels afin d'éviter tout manquement à leurs obligations.

Autres variantes : La double activité peut également signifier deux relations de travail (par exemple, deux emplois à temps partiel auprès d'employeurs différents). Des principes similaires s'appliquent ici : tous les salaires doivent être correctement comptabilisés et imposés, et le salarié doit éviter la surcharge de travail et les conflits. Globalement, les travailleurs indépendants en Suisse bénéficient de règles relativement souples pour combiner différentes activités, à condition de respecter les directives pertinentes.

Conséquences fiscales des activités parallèles multiples

Si vous générez plusieurs revenus en parallèle en Suisse, certaines implications fiscales sont à prendre en compte. Tout d'abord : Tous les revenus sont imposables et doivent être déclarés, qu'ils proviennent d'un emploi salarié ou d'une activité indépendante. L'administration fiscale ne fait aucune exception ; même les revenus annexes doivent être intégralement déclarés. À défaut, vous risquez des impôts rétroactifs, des intérêts, voire des pénalités pour fraude fiscale. Il est donc essentiel de déclarer toutes vos sources de revenus de manière transparente.

  • Évaluation combinée vs. déclaration séparée :** Dans la déclaration d'impôts, les revenus provenant d'un emploi salarié (salaire, rémunération) et d'une activité indépendante sont généralement comptabilisés dans des sections distinctes. Pour les indépendants exerçant une double activité, cela signifie que votre salaire apparaît dans la section des salaires, tandis que le bénéfice de votre activité indépendante annexe est comptabilisé dans le compte de résultat. Cependant, tous les revenus sont imposés ensemble. Il n'existe pas de taux d'imposition distinct par type de revenu ; au contraire, les revenus annexes supplémentaires augmentent votre revenu imposable total et peuvent vous faire passer dans une tranche d'imposition supérieure. En d'autres termes, un deuxième revenu peut augmenter votre charge fiscale globale en pourcentage, car il s'ajoute à votre base d'imposition et peut déclencher un taux progressif.

  • Possibilités de déduction : L'avantage est que plusieurs activités permettent souvent des déductions supplémentaires. Par exemple, pour un revenu complémentaire d'emploi (par exemple, un deuxième petit emploi), des frais professionnels forfaitaires peuvent être déduits – généralement 20 % du revenu complémentaire, avec un montant minimum (les montants exacts varient selon le canton et l'année). Pour un revenu complémentaire d'indépendant, tous les frais professionnels peuvent être déduits (déplacements, matériel, infrastructures, etc.), ce qui signifie que seul le bénéfice net est imposé. Bien entendu, vous devez tenir des comptes comptables exacts. Il est donc fortement recommandé aux freelances ayant un revenu complémentaire de tenir une comptabilité séparée, ou au moins des relevés de revenus et de dépenses pour chaque activité, afin de justifier tous les coûts déductibles.

  • Plusieurs cantons ou pays : Si les revenus sont perçus dans différents cantons ou pays, des règles visant à éviter la double imposition s'appliquent. En Suisse, comme indiqué précédemment, une répartition fiscale est effectuée : la part des revenus est attribuée au canton où l'activité est exercée et imposée au taux local. En pratique, soit une déclaration d'impôt distincte est déposée par canton (intercantonale), soit l'ensemble est déclaré dans le canton de résidence, puis les autorités répartissent le tout. À l'international, cela dépend de la convention de double imposition (CDI) : généralement, les revenus d'une activité indépendante étrangère sont pris en compte dans le pays de résidence suisse uniquement pour la détermination du taux (clause de progressivité), si la CDI attribue le droit d'imposition au pays d'activité. À l'inverse, les revenus d'une activité salariée étrangère (par exemple, les frontaliers) peuvent faire l'objet d'accords particuliers. Dans tous les cas, les revenus étrangers doivent également être déclarés dans la déclaration d'impôt suisse, au moins pour la détermination du taux. Dans les cas transfrontaliers, il est préférable de consulter un conseiller fiscal afin de s'assurer que toutes les exigences de déclaration sont respectées.

  • Cas particulier de la forme d'entreprise : La plupart des travailleurs indépendants exercent leur activité en tant qu'entrepreneurs individuels (entreprise individuelle), où bénéfice et revenu sont considérés comme identiques. Toutefois, si vous créez une société (SARL/SA) pour l'une des activités de votre double activité, un autre problème fiscal se pose : la double imposition. Les bénéfices de la SARL/SA sont d'abord imposés au niveau de la société, puis les dividendes distribués sont à nouveau imposés au niveau des actionnaires. De plus, vous percevez un salaire de votre propre entreprise, qui est également imposée. Ce type de configuration entraîne une charge fiscale plus complexe, mais peut convenir aux grandes entreprises. Pour les activités annexes ou les petites entreprises, l'entreprise individuelle est généralement la solution la plus simple et la moins lourde fiscalement.

Conclusion – Impôts : Plusieurs activités parallèles nécessitent une gestion fiscale rigoureuse. Déclarez correctement tous vos revenus, profitez des déductions autorisées et surveillez votre charge fiscale globale. En cas de doute, contactez rapidement l'administration fiscale ou un conseiller fiscal afin d'explorer les possibilités d'optimisation individuelles (par exemple, la déduction pour double revenu pour les couples mariés) et d'éviter les pièges.

Conséquences de la double activité sur la sécurité sociale

L'exercice de plusieurs activités en parallèle a des implications évidentes pour les assurances sociales. En Suisse, les domaines les plus pertinents sont : l'AVS/AI/APG (1er pilier), la caisse de pension (LPP) ou 2e pilier, l'AC (assurance chômage) et l'assurance accidents. Les règles et les cas particuliers concernant la double activité sont expliqués ci-dessous.

AVS/AI/APG – Cotisations au 1er pilier

En Suisse, toute personne active doit cotiser à l'AVS, à l'AI et aux APG, et ce, pour tous ses revenus. En cas de double activité, cela signifie que tous les revenus sont soumis aux cotisations AVS, calculées séparément selon le type d'activité. Par exemple, un salaire de 40 000 CHF entraîne des retenues salariales standard (5,3 % pour l'employé et l'employeur). De plus, 15 000 CHF gagnés en tant qu'indépendant sont également soumis aux cotisations AVS, mais en tant qu'indépendant (taux progressif d'environ 5 à 10 % du bénéfice net selon le niveau de revenu).

Cependant, il existe des seuils de revenus minimes et des règles particulières : si le revenu complémentaire indépendant est inférieur à 2 300 CHF par an, aucune cotisation AVS n'est due, sauf demande expresse de votre part. Ce seuil vise à alléger la charge sur les revenus complémentaires mineurs (par exemple, revenus de loisirs). Important : ce plafond s'applique par an et par personne pour les revenus complémentaires indépendants. Si vous gagnez plus de 2 300 CHF, l'inscription à la caisse de compensation AVS est obligatoire. Même si vous cotisez déjà à l'AVS pour votre activité principale, vous devez tout de même cotiser pour votre activité complémentaire ; la deuxième activité doit être déclarée et comptabilisée séparément. L'autorité déterminera formellement s'il s'agit d'une activité indépendante (voir la note sur le faux travail indépendant au point 6).

Pour les activités annexes salariées (par exemple, un mini-emploi parallèle à l'activité principale), une règle similaire s'applique : les revenus jusqu'à 2 300 CHF par an et par employeur sont exonérés d'AVS, sauf si l'employé demande volontairement des déductions de cotisations. De nombreux employeurs exigent une confirmation écrite de la part de l'employé qui renonce aux déductions afin d'éviter toute responsabilité future. (Les travailleurs domestiques font exception : les cotisations sont toujours exigées, quel que soit le revenu.)

De plus, une règle de coordination s’applique : si une personne gagne moins de 9 300 CHF grâce à une activité complémentaire indépendante et perçoit un salaire d’au moins 4 702 CHF (les seuils varient légèrement), la caisse de compensation peut réduire les cotisations pour l’activité complémentaire. Cela permet d'éviter de surcharger les personnes qui contribuent déjà de manière significative par leur activité. L'application de cette réduction et les modalités de son application sont décidées par la caisse de compensation sur demande.

Note pratique : Déclarez toute activité indépendante complémentaire sans délai auprès de la caisse de compensation dès que cela devient nécessaire. Après l'enregistrement, vous recevez généralement des factures provisoires basées sur des revenus estimés, le règlement final étant effectué après votre avis d'imposition. L'enregistrement évite également qu'un client soit rétroactivement considéré comme votre employeur (voir « travail indépendant factice » au point 6). Séparez également clairement vos revenus principaux et complémentaires, idéalement avec des comptes/une comptabilité séparés, afin de pouvoir justifier vos bénéfices auprès de l'AVS. L'AVS n'a pas de vue d'ensemble des personnes ; chaque type de revenu doit donc être évalué et facturé séparément.**