Déménager en Suisse. Guide pour les freelances de l'UE.

Guide pour les freelances italiens, allemands, français et autrichiens souhaitant s'installer en Suisse

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Imaginez troquer votre vie actuelle, avec une fiscalité élevée en Italie, en Allemagne, en France ou en Autriche, contre les taux d'imposition plus bas de la Suisse et son magnifique paysage alpin, tout en continuant à servir vos clients à distance. L'idéal semble : vous continuez à percevoir des revenus de vos clients dans votre pays d'origine, tout en payant des impôts suisses qui pourraient être bien inférieurs aux 40 à 50 % auxquels vous pourriez être confronté dans votre pays d'origine. Mais aurez-vous réellement plus d'argent en poche une fois que le coût de la vie élevé en Suisse aura pris le dessus ? Et pouvez-vous légalement continuer à travailler en freelance pour des clients étrangers (même si vous n'avez qu'un seul gros client) sous une résidence suisse ? Ce guide complet vous explique tout : faisabilité, démarches juridiques, comparaisons fiscales et conseils pratiques.

Nous nous concentrons sur les citoyens de l'UE/AELE, en particulier les freelances originaires d'Italie, d'Allemagne, de France et d'Autriche, car vous bénéficiez de la libre circulation en Suisse. À la fin, vous saurez clairement si une expatriation en Suisse pour des raisons fiscales est une décision judicieuse pour vous et comment le faire sans mauvaises surprises.

Pourquoi considérer la Suisse comme un freelance ?

La Suisse ne fait pas partie de l'UE, mais grâce à des accords bilatéraux, elle accueille relativement facilement les citoyens de l'UE/AELE. Pour les travailleurs indépendants, l'attrait est évident :

  • Impôts sur le revenu plus faibles : L'impôt sur le revenu suisse est généralement plus faible et plafonné à un pourcentage inférieur à celui de nombreux pays de l'UE. Il existe un impôt fédéral sur le revenu (maximum 11,5 %) et des impôts cantonaux variables (pouvant atteindre 5 % à 15 % dans certains cantons ou jusqu'à 30 % dans les zones à forte fiscalité). Cela se traduit souvent par des taux d'imposition effectifs d'environ 15 à 30 % pour les revenus moyens à élevés, contre 40 à 50 % (ou plus) dans des pays comme la France, l'Autriche ou l'Italie, avec le régime standard. Par exemple, la France et l'Autriche ont des taux d'imposition maximums d'environ 55 %, et l'Allemagne est de 45 %, tandis qu'un haut revenu en Suisse peut être imposé à environ 25 %. En théorie, cela signifie un revenu net plus élevé.

  • Pas besoin d'offre d'emploi locale : Contrairement aux expatriés hors UE, vous n'avez pas besoin d'être sponsorisé par une entreprise suisse**. Grâce à la libre circulation des personnes au sein de l'UE, vous pouvez vous installer en Suisse et vous inscrire comme travailleur indépendant de votre propre chef. Vous êtes en quelque sorte votre propre patron, amenant votre entreprise avec vous.

  • Fidélisez vos clients, travaillez à distance : La Suisse vous permet de travailler à distance pour des clients étrangers sans restrictions. Il n'est pas nécessaire d'avoir des clients ou un employeur suisses. Tant que vous vous inscrivez et payez vos impôts/assurances en Suisse, vous pouvez gagner de l'argent en Italie, en Allemagne ou ailleurs. Les conventions de double imposition garantissent que vous ne serez pas imposé deux fois sur le même revenu par la Suisse et votre pays d'origine (nous y reviendrons plus tard), donc vos revenus seront imposés uniquement en Suisse une fois que vous y serez résident.

  • Qualité de vie : N'oublions pas la qualité de vie exceptionnelle de la Suisse : des villes propres, une faible criminalité, d'excellents transports en commun et, bien sûr, une nature à couper le souffle à deux pas. Pour beaucoup, c'est un atout majeur. Vous pourriez être prêt à payer un peu plus cher vos courses ou votre loyer en échange de sécurité, de stabilité et de paysages alpins chaque week-end. Ces avantages liés au style de vie n'augmentent pas directement votre solde bancaire, mais ils peuvent vous faciliter la tâche si vous parvenez à équilibrer vos finances.

Cela dit, déménager est une étape importante. Moins d'impôts ! = automatiquement plus riche. Le coût de la vie en Suisse est extrêmement élevé – parmi les plus élevés au monde. Les grandes villes suisses comme Zurich ou Genève se classent en tête des indices du coût de la vie, autour de 115-120 (où 100 = New York). À l'inverse, les villes italiennes ou allemandes obtiennent un score d'environ 60-70 sur le même indice. Concrètement, presque tout – loyer, nourriture, assurances – coûte plus cher en Suisse. La question cruciale est donc de savoir si les économies d'impôt compensent ces dépenses supplémentaires pour vous. Nous analyserons quelques chiffres dans la section Coût de la vie vs. Revenus nets pour répondre à la question « Vais-je réellement économiser de l'argent ?» pour des revenus freelance typiques inférieurs à 100 000 €.

Point essentiel à retenir : la Suisse peut offrir un revenu net plus élevé si vos revenus sont suffisamment élevés pour bénéficier de faibles taux d’imposition. En revanche, si vous avez des revenus plus modestes (disons moins de six chiffres) et que vous bénéficiez de régimes fiscaux avantageux dans votre pays d’origine (comme l’impôt forfaitaire de 15 % pour les indépendants en Italie ou le régime des auto-entrepreneurs en France), cet avantage pourrait s’amenuiser, voire disparaître. Examinons les détails, en commençant par les modalités légales de votre déménagement.

Les freelances de l’UE peuvent-ils travailler légalement en Suisse ?

(Oui – Voici comment)

Réponse courte : Oui, si vous êtes originaire d’un pays de l’UE/AELE, vous pouvez vous installer en Suisse et travailler en tant qu’indépendant légalement. Vous devrez obtenir un permis de séjour suisse et vous inscrire comme travailleur indépendant, mais la procédure est simplifiée pour les citoyens de l’UE grâce à la libre circulation.

Droits des citoyens de l’UE/AELE : En tant que ressortissant de l’UE ou de l’AELE, vous avez le droit de vivre et de travailler en Suisse sans avoir besoin d’un visa de travail traditionnel. Cela inclut le droit d’exercer une activité indépendante. En pratique, à votre arrivée, vous demanderez un permis B » (UE/AELE) pour travailler en tant qu’indépendant, généralement valable 5 ans. La principale condition est de prouver que vous pouvez subvenir à vos besoins financiers grâce à votre entreprise**, c’est-à-dire que vous ne dépendez pas de l’aide sociale suisse. Il n’existe aucun seuil de revenu explicite inscrit dans la loi, mais en pratique, les autorités suisses s’attendent à ce que votre activité indépendante génère au moins un revenu de subsistance de base. On estime généralement qu'un minimum de 30 000 à 40 000 CHF par an (environ 30 000 €) constitue un seuil de viabilité. Ce chiffre peut varier selon le canton et la taille de la famille ; il s'agit en fait du seuil en dessous duquel vous êtes considéré comme financièrement « à risque ». Si vos revenus sont bien supérieurs, tout va probablement bien. Si vous vous situez juste autour de ce seuil, vous devrez peut-être prouver que vous disposez d'économies ou d'un business plan très solide pour les rassurer.

Un ou plusieurs clients ? Une inquiétude fréquente est : Puis-je continuer à être « indépendant » en Suisse si je n'ai qu'un seul client principal ? La Suisse, comme de nombreux pays, a des règles contre la « Scheinselbständigkeit » (faux travail indépendant). Il s'agit d'un travailleur indépendant qui travaille en pratique comme un employé pour un seul client/une seule entreprise, ce qui peut être perçu comme un moyen d'échapper à l'impôt sur le revenu. L'Office suisse des assurances sociales (ASA) examine attentivement le statut de travailleur indépendant à cet égard. Si tous vos revenus proviennent d'un seul client, surtout s'il s'agit d'un client suisse, ils pourraient vous soupçonner d'être un employé de fait de ce client. Cependant, avoir un seul client n'est pas totalement illégal ; il vous suffit de démontrer votre indépendance :

  • Vous devez démontrer que vous êtes véritablement autonome dans votre façon de travailler ; par exemple, vous définissez vos propres horaires, utilisez votre propre matériel, n'êtes pas intégré à l'organisation du client, pouvez sous-traiter du travail, etc. Ces facteurs contribuent à prouver que votre client est bien un client, et non votre « patron ».
  • Le risque est plus élevé si le client est en Suisse. S'il s'agit d'un client étranger (par exemple, une entreprise allemande), les autorités suisses sont un peu moins préoccupées, car il ne s'agit pas d'un employeur suisse cherchant à échapper aux cotisations sociales suisses. Vous devrez néanmoins vous inscrire à la sécurité sociale suisse en tant qu'indépendant et des justificatifs de votre activité professionnelle vous seront demandés. * Solution si vous n'avez qu'un seul gros client : De nombreux freelances dans cette situation sont tout de même approuvés, surtout s'ils présentent un business plan visant à diversifier leur clientèle ou s'ils ont au moins quelques petits clients. Dans le pire des cas, certains choisissent de créer une SARL suisse et de travailler par son intermédiaire. En tant qu'entreprise, même avec un seul client, cela évite le contrôle des « freelances individuels » (bien que sa création soit plus complexe). Mais pour la plupart, ce n'est pas nécessaire. Préparez-vous simplement à répondre à ces questions et, éventuellement, à fournir un contrat attestant que votre client vous traite comme un prestataire de services indépendant.

En résumé : Légalement, vous pouvez poursuivre votre activité freelance depuis la Suisse, même pour un seul client étranger, à condition de vous inscrire en tant qu'indépendant. L'accord de libre circulation signifie que la Suisse ne peut pas empêcher un citoyen de l'UE de travailler en freelance tant que vous ne constituez pas une charge publique. Le pire qui puisse arriver si vous n'avez qu'un seul client est que la SVA suisse classe ce revenu comme un quasi-emploi. Dans ce cas, vous pourriez devoir payer des cotisations sociales légèrement différentes (votre client pourrait être tenu de payer la part patronale s'il s'agit d'une entité suisse). Mais si le client est à l'étranger, la Suisse ne peut pas l'imposer ; elle acceptera donc probablement simplement votre statut d'indépendant et vous facturera les cotisations sociales normales pour les indépendants sur vos revenus. De nombreux freelances de l'UE effectuent déjà du télétravail depuis la Suisse pour des clients européens en toute légalité. Conservez simplement les documents appropriés pour prouver l'authenticité de votre entreprise.

Étape par étape ⮯

Comment s'installer et s'installer en tant que freelance en Suisse

Déménager son entreprise en Suisse implique des démarches administratives, mais rien de trop compliqué. Voici un aperçu chronologique des étapes à suivre, en gros :

  1. Recherche et préparation avant l'arrivée :
  • Bien choisir son canton : Les taux d'imposition et l'attitude envers les nouveaux freelances peuvent varier d'un canton à l'autre. Par exemple, Zoug ou Schwytz sont réputés pour leurs impôts extrêmement bas, tandis que Zurich ou Genève ont des impôts plus élevés, mais offrent davantage d'opportunités de réseautage. Tenez également compte de la langue (allemand à Zurich/Zoug, français à Genève/Vaud, italien au Tessin). Par exemple, vivre au Tessin pourrait intéresser un freelance italien (il parle italien et permet de rejoindre Milan facilement) ; les impôts y sont modérés, mais moins bas qu'en Suisse centrale.

  • Bien trouver un logement : Une adresse suisse est nécessaire pour s'inscrire. Commencez vos recherches de logement le plus tôt possible, car le marché est tendu. Les loyers sont élevés : un appartement d’une chambre coûte environ 1 300 à 2 500 CHF par mois selon la ville et son emplacement en centre-ville ou en périphérie. À Zurich, le prix moyen d’un T2 coûte environ 2 200 CHF en centre-ville. Les petites villes ou les zones rurales peuvent être moins chères (et certains cantons à faible fiscalité sont plus ruraux).

  • Rassemblez les documents : Avant votre déménagement, préparez un dossier de documents nécessaires à votre inscription :

  • Passeport ou carte d’identité nationale.

  • Attestation d’assurance maladie (vous pouvez souscrire une assurance maladie suisse dès votre arrivée ; nous y reviendrons plus loin).

  • Justificatifs de votre activité et de vos revenus en freelance : contrats clients, factures récentes, portfolio ou site web, business plan pour votre activité indépendante (décrivant votre activité, vos clients cibles et vos revenus prévisionnels). Un business plan formel n’est pas forcément nécessaire, mais il est utile, surtout si vos revenus ne sont pas encore élevés : il montre que vous avez un plan de revenus viable. * Relevés bancaires ou justificatifs d'épargne (facultatif, mais si vos revenus actuels sont inférieurs à 30 000 à 40 000 CHF, prouver que vous disposez d'économies suffisantes peut étayer votre demande).

  • Éventuellement un budget ou des prévisions financières pour démontrer que vous pouvez assumer le coût de la vie en Suisse compte tenu de vos revenus. Certains cantons ne l'exigent pas explicitement, mais c'est toujours une bonne chose.

  • CV ou justificatif de qualifications (si vous exercez une profession réglementée comme avocat, médecin, etc., soumise à des règles particulières ; pour les indépendants comme développeurs, designers ou consultants, ce n'est pas nécessaire).

  • Devis initiaux d'assurance maladie suisse : L'assurance maladie est obligatoire pour toute personne résidant en Suisse. Vous devez souscrire une police d'assurance suisse dans les 3 mois suivant votre arrivée, mais il est important de prévoir un budget. La prime moyenne est d'environ 350 à 400 CHF par mois pour une couverture de base (plus ou moins élevée selon la franchise et le canton). Demandez un devis en ligne auprès d'assureurs ou de comparateurs afin de savoir combien vous paierez. (Remarque : si vous venez de l’UE, votre carte CEAM ou votre assurance voyage peuvent couvrir les urgences pendant les 3 premiers mois, mais vous devez tout de même souscrire une assurance suisse avant la fin de cette période.)

  • Déclaration de domicile (le cas échéant) : Avant de partir, il est conseillé de déclarer votre résidence dans votre pays d’origine (par exemple, en Allemagne, une Abmeldung, en Italie, une déclaration à l’Agence de résidence à l’étranger, en Autriche, une Abmeldung, en France, une déclaration au fisc). Cela permet de vérifier que vous avez déménagé et que vous serez désormais résident fiscal en Suisse. Cela évite toute confusion concernant la double résidence fiscale. Vous pouvez généralement le faire juste avant ou après votre déménagement.

  1. Arrivée en Suisse (sans visa) : En tant que citoyen de l’UE/AELE, vous pouvez entrer librement en Suisse avec votre passeport/carte d’identité. Aucun visa n’est requis à l’avance. Une fois entré, le compte à rebours de vos 90 jours de séjour sans visa commence. Dans ce délai, vous devez vous enregistrer officiellement et obtenir votre permis de séjour. Conseil : Il est préférable de vous inscrire dès que vous avez trouvé un logement (même une sous-location temporaire ou un Airbnb), car vous aurez besoin d’une adresse locale pour vous inscrire.

  2. Inscription à la commune (Einwohnerkontrolle/Gemeinde) : Dans les 14 jours suivant votre emménagement dans un canton suisse, vous devez déclarer votre présence au bureau des habitants (bureau communal). Cette étape est obligatoire pour toute personne s’installant en Suisse. Munissez-vous de :

  • Votre passeport/carte d’identité.
  • Contrat de location ou attestation d’adresse de votre propriétaire.
  • Une attestation d’assurance maladie (si vous n’avez pas encore souscrit, certains bureaux vous permettent de promettre de l’envoyer ultérieurement, mais vous devez l’avoir dans les 3 mois).
  • Vous remplirez un formulaire d’inscription et déclarerez que vous êtes travailleur indépendant (ou envisagez de le devenir). Vous pourrez vous acquitter de frais d’inscription minimes (~20 à 50 CHF).
  • Un document confirmant votre inscription vous sera délivré. Grâce à cela, l'Office cantonal des migrations traitera votre permis B.
  1. Demander le permis B pour activité indépendante : Après l'inscription à la commune, vous déposez généralement une demande de permis de séjour pour travailleur indépendant auprès de l'Office cantonal des migrations. Dans certains cantons, la commune lui transmet vos informations ; Dans d'autres cas, vous pouvez faire une demande séparée. Documents à joindre (dont beaucoup ont été préparés précédemment) :
  • Formulaire de demande de permis de séjour (disponible sur le site web du bureau ou du canton).
  • Copie du passeport, attestation d'enregistrement auprès de la commune.
  • Preuves d'activité indépendante et de viabilité : par exemple, contrats, factures, business plan, enregistrement éventuel de votre entreprise dans votre pays d'origine, etc. L'objectif est de prouver que vous avez ou aurez des revenus et que vous n'aurez pas besoin d'aide sociale. Si vous disposez déjà de quelques factures suisses ou d'un contrat signé attestant d'un futur emploi, veuillez les joindre.
  • Justificatif de ressources financières si nécessaire (relevés bancaires ou attestation de ressources).
  • Justificatif d'assurance maladie (vous pourrez peut-être le soumettre ultérieurement, une fois inscrit).
  • Copie du contrat de bail.
  • Reçu de paiement des frais de permis (le cas échéant ; les frais pour un permis B de 5 ans pour les ressortissants de l'UE varient généralement entre 65 CHF et 250 CHF selon le canton).
  • Remarque : les citoyens de l’UE n’ont pas besoin de prouver des éléments tels que « l’importance pour l’économie suisse », contrairement aux entrepreneurs non européens. Vous n’avez donc pas besoin de créer des emplois ni d’investir des capitaux importants. Il suffit de prouver que vous avez une entreprise active et des revenus. L’approbation est généralement une formalité si les documents sont en règle.
  • Délai : l’obtention du permis peut prendre de quelques semaines à 2 à 3 mois. En attendant, votre document d’enregistrement vous autorise à séjourner et à commencer à travailler. Certains cantons délivrent un document temporaire. Vous êtes autorisé à démarrer votre activité en attendant.
  1. Obtenir votre carte de séjour : une fois votre demande approuvée, vous recevrez votre Permis B (UE/AELE), valable 5 ans, attestant que vous êtes travailleur indépendant. Félicitations ! Vous êtes officiellement résident suisse en tant que travailleur indépendant ! Pensez à le renouveler avant son expiration (le renouvellement est généralement facile si vous pouvez prouver que vous avez perçu des revenus et que vous n’avez pas bénéficié de l’aide sociale).

  2. S'inscrire comme travailleur indépendant auprès de l'AVS : Cette étape est très importante et parfois négligée par les nouveaux arrivants. En Suisse, si vous êtes travailleur indépendant, vous devez déclarer l'AVS et obtenir la reconnaissance officielle de travailleur indépendant aux fins de cotisation. Chaque canton dispose d'une caisse de compensation des assurances sociales (Ausgleichskasse, Caisse de compensation). Après le démarrage de votre activité (quelques semaines ou quelques mois après son ouverture), vous devez lui envoyer :

  • Un formulaire de déclaration de début d'activité indépendante (un formulaire spécifique est disponible).
  • Une preuve de votre activité (preuves similaires à celles du permis : copies des factures émises, contrats, éventuellement votre business plan, etc.).
  • Cela permet de déterminer que vous travaillez à votre compte et à vos risques et périls (et non en tant que salarié déguisé). Les critères incluent la multiplicité des clients ou au moins la promotion de votre entreprise, l'autonomie professionnelle, etc. Pas d'inquiétude : les citoyens de l'UE ne perdront pas leur permis si la SVA n'est pas immédiatement convaincue ; elle demandera généralement des informations complémentaires. Si vous suivez nos conseils précédents concernant la preuve de votre indépendance, vous devriez réussir cette étape.
  • Une fois accepté, un numéro de sécurité sociale vous sera attribué et vous commencerez à payer des cotisations AVS (assurance vieillesse et survivants, c'est-à-dire la caisse de retraite de l'État) en tant qu'indépendant. Cette cotisation représente environ 10 % de votre bénéfice net (échelonné pour les revenus plus élevés) ; nous aborderons les détails dans la section « Impôts ».
  • Pourquoi c'est important : Être inscrit à l'AVS en tant qu'indépendant ne sert pas seulement à cotiser au système, c'est aussi une preuve de votre statut. Si vous devez prouver que vous êtes un travailleur indépendant en règle (par exemple, pour louer un appartement ou renouveler votre permis), une lettre de la caisse de compensation confirmant votre statut d'indépendant est indispensable. Inscrivez-vous donc rapidement (généralement après avoir perçu vos premiers revenus en CHF, car des justificatifs comme des factures pourraient vous être demandés).
  1. Formalités commerciales (immatriculations, banque, TVA, etc.) :
  • Entreprise individuelle : La plupart des freelances étrangers exercent leur activité en tant qu'entreprise individuelle sous leur propre nom (c'est la forme la plus simple : aucune entité juridique distincte ni capital social n'est requis). Vous pouvez choisir un nom commercial, mais officiellement, il s'agira souvent de « Votre nom, profession », sauf si vous enregistrez un nom différent. Registre du commerce : Si votre chiffre d'affaires annuel est inférieur à 100 000 CHF, vous n'êtes pas tenu d'inscrire votre entreprise individuelle au registre du commerce. Au-delà de 100 000 CHF, l'inscription est obligatoire. Mais même en dessous, vous pouvez vous inscrire volontairement pour obtenir un numéro d'entreprise officiel ; certains le font pour des raisons de crédibilité ou pour obtenir un nom commercial. L'inscription coûte quelques centaines de francs. Pour une entreprise de conseil individuelle, cette étape est facultative pour le moment. * Ouvrir un compte bancaire suisse : Pour plus de commodité, il est conseillé d'avoir un compte bancaire local (de nombreux clients ou institutions suisses refusent les IBAN étrangers, et cela est nécessaire pour des paiements comme l'assurance maladie suisse, le loyer, etc., qui utilisent souvent le prélèvement automatique suisse). Ouvrir un compte est simple une fois que vous avez votre permis ou au moins la confirmation de résidence. PostFinance, UBS, Credit Suisse ou les nombreuses banques cantonales sont des options. Certaines néo-banques en ligne (Neon, Revolut, Wise) sont également présentes en Suisse pour les besoins de base.

  • Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) : La TVA suisse (MwSt/TVA) a un seuil : si vous prévoyez de facturer plus de 100 000 CHF par an, vous devez vous inscrire à la TVA. Si votre montant est inférieur à ce montant, vous êtes exonéré mais vous pouvez vous y inscrire volontairement. La TVA en Suisse est de 8,1 % (en 2024) au taux standard pour les services. De nombreux freelances restent initialement sous les 100 000 $ et ne s'enregistrent pas, ce qui simplifie les choses (pas besoin d'ajouter la TVA aux factures ni de remplir des déclarations de TVA trimestrielles). Si vos revenus dépassent ultérieurement les 100 000 $, vous devrez vous enregistrer.

  • Si vous vous enregistrez : Vous facturerez la TVA suisse à vos clients suisses. Pour les clients étrangers, les exportations de services sont généralement détaxées (ou vous ne facturez pas la TVA et le client gère la TVA de son pays par autoliquidation s'il s'agit d'un service B2B). Nous aborderons la facturation client dans la section suivante, mais ne vous inquiétez pas : être sous ce seuil signifie une tâche administrative en moins pour le moment.

  • Assurance : Outre l'assurance maladie (obligatoire), pensez à souscrire une assurance responsabilité civile si elle est pertinente pour votre activité (par exemple, une assurance responsabilité civile professionnelle si vous êtes consultant et donnez des conseils, etc.). Ce n'est pas obligatoire, mais certains clients apprécient de la voir. De plus, en tant qu'indépendant, vous ne cotisez pas à l'assurance chômage (cela est réservé aux salariés). Il est donc conseillé de constituer un fonds d'urgence. En règle générale, vous ne pouvez pas percevoir d'allocations chômage suisses si votre activité freelance se tarit.

  • Comptabilité : Commencez à tenir une comptabilité de vos revenus et dépenses** dès le premier jour. La loi suisse exige une comptabilité rigoureuse si vous êtes inscrit au registre du commerce ou si votre chiffre d'affaires dépasse 100 000 $. Même dans le cas contraire, vous devrez déclarer vos revenus aux impôts. Un simple tableur ou logiciel comptable fera l'affaire pour un entrepreneur individuel. Conservez les justificatifs des dépenses professionnelles déductibles (vous pouvez déduire votre ordinateur portable, vos fournitures de bureau, une partie du loyer pour un bureau à domicile, vos frais de déplacement pour rencontrer des clients, etc. ; cela contribuera à réduire votre bénéfice imposable).

  • Avertissez vos clients de votre déménagement : Il est conseillé d'informer vos clients actuels de votre déménagement et de votre facturation depuis la Suisse. Ceci est particulièrement important pour la facturation (vos factures doivent indiquer votre nouvelle adresse suisse et, le cas échéant, votre numéro de TVA suisse, ou indiquer que vous n'êtes pas assujetti à la TVA). Cela n'a généralement pas d'incidence sur les termes du contrat, mais vérifiez s'il existe une clause prévoyant que vous fournissez des services depuis un autre pays ; ce n'est généralement pas un problème pour les contrats de freelance à distance.

  1. Conformité continue et vie en Suisse :
  • Impôts : Contrairement à certains pays de l'UE, la Suisse n'applique pas de système de prélèvement à la source pour les travailleurs indépendants ; vous devez déclarer vos revenus d'indépendant et tous autres revenus annuels. L'année fiscale correspond à l'année civile. Les déclarations sont généralement dues au plus tard le 31 mars ou le 30 avril de l'année suivante (variable selon les cantons), avec des prolongations possibles. À votre arrivée, vous pourriez être soumis temporairement à l'impôt à la source si vous êtes arrivé en milieu d'année (certains cantons le font pour les étrangers sans année de résidence complète). En tant que titulaire d'un permis B exerçant une activité indépendante, vous serez soumis au système fiscal normal. Préparez-vous à payer des acomptes provisionnels d'impôt. Certains cantons envoient des factures d'impôts estimés en cours d'année afin d'éviter un paiement important. Pas de panique si vous recevez ces factures ; vous pouvez souvent ajuster le montant en fonction de vos revenus réels.
  • Cotisations sociales : Chaque année, après votre déclaration d'impôts, l'office de sécurité sociale calcule vos cotisations AVS définitives sur la base de vos revenus déclarés et vous envoie une facture (il vous demande souvent également de payer des montants trimestriels ou provisionnels). L'AVS pour les indépendants représente environ 10 % des revenus jusqu'à 57 400 CHF, puis des taux légèrement inférieurs au-delà (vous pouvez également choisir de cotiser à des plans de retraite facultatifs). Nous détaillerons ce point dans la section « Fiscalité ». N'oubliez pas que ce n'est pas lié à l'impôt sur le revenu.
  • Renouvellements et modifications : Tenez votre permis à jour. Si vous changez de canton ou d'adresse, vous devez vous réinscrire auprès de la nouvelle commune (et votre permis est généralement transférable). Après 5 ans, vous renouvelez le permis B en prouvant à nouveau votre autonomie financière (généralement, une simple déclaration d'impôts ou une lettre de votre comptable suffit). Après 10 ans, vous pouvez même demander un permis C (permanent) dans de nombreux cas. * Famille : Si vous souhaitez faire venir un conjoint ou des enfants, le regroupement familial pour les citoyens de l'UE est possible. Votre conjoint peut obtenir un permis de séjour en tant que membre de votre famille (et s'il est également citoyen de l'UE, il peut également travailler ou travailler en freelance librement). Il vous suffira de prouver que vous disposez d'un logement et de revenus suffisants pour subvenir à ses besoins. Les enfants peuvent fréquenter les écoles locales (les écoles publiques sont gratuites et de bonne qualité, mais la plupart dispensent des cours dans la langue locale ; prévoyez donc un temps d'intégration pour eux).

Voici les démarches administratives. Cela peut paraître long, mais beaucoup se déroulent en parallèle et, une fois franchies, tout est prêt. Maintenant, la grande question : après tout cela, faites-vous réellement des économies ? Examinons l'aspect financier : impôts et coût de la vie.

Conséquences fiscales

Allez-vous réellement garder plus d’argent ?

L'une des principales motivations de cette décision est la réduction d'impôt. Il est vrai que la Suisse a généralement des taux d'imposition sur le revenu plus bas que l'Italie, la France, l'Allemagne ou l'Autriche, notamment pour les revenus moyens et élevés. Cependant, la situation peut être nuancée, notamment si votre revenu annuel est inférieur à 100 000 €. Analysons la situation en comparant les systèmes fiscaux et de cotisations sociales :

1. Impôts suisses pour les travailleurs indépendants :

  • Impôt sur le revenu : La Suisse dispose d'un impôt sur le revenu progressif à trois niveaux : fédéral, cantonal et communal. L'impôt fédéral plafonne à 11,5 % sur le revenu imposable supérieur à 254 000 CHF. Les impôts cantonaux et communaux varient : certains cantons ont des taux très bas, d'autres plus élevés. Sur un bénéfice imposable de 100 000 CHF (environ 103 000 €), vous pourriez payer environ 8 000 à 10 000 CHF d'impôt fédéral et peut-être 10 000 à 15 000 CHF d'impôt cantonal/communal dans un canton à fiscalité moyenne, soit un total d'environ 18 000 à 25 000 CHF, soit un taux effectif de 18 à 25 %. Dans un canton à faible fiscalité, ce taux pourrait descendre jusqu'à 15 %. Pour un revenu inférieur, comme 60 000 CHF (62 000 €), l'impôt fédéral pourrait n'être que de quelques centaines d'euros (en raison d'un abattement personnel important), et l'impôt cantonal de quelques milliers d'euros, soit un total de 10 % ou moins. Chaque canton publie des barèmes d'impôt et beaucoup proposent des calculateurs en ligne.

  • Déductions fiscales : Vous pouvez déduire les frais professionnels de votre revenu brut. Cela comprend l'équipement, une partie du loyer si vous travaillez à domicile, les frais de déplacement professionnels, etc. Ces déductions réduiront votre revenu imposable, ce qui est un avantage par rapport à certains régimes d'impôt forfaitaire dans d'autres pays qui n'autorisent pas les déductions (par exemple, le forfettario italien et le micro-entrepreneur français ont des bases d'imposition fixes).

  • Pas de souci d'impôt sur la fortune (probablement) : La Suisse applique un impôt sur la fortune sur le patrimoine net, mais à moins d'avoir beaucoup d'épargne ou de biens immobiliers (les seuils se chiffrent généralement en centaines de milliers de francs, variant selon les cantons), il est négligeable pour la plupart des freelances qui se déplacent avec juste un ordinateur portable et quelques économies.

  • Cotisations sociales : En tant qu'indépendant, vous cotisez vous-même à l'AVS (pension de retraite de l'État) et à quelques petites cotisations (assurance invalidité, etc.). En 2025, le taux est d'environ 10,6 % sur les revenus des travailleurs indépendants jusqu'à 57 400 CHF, et légèrement inférieur au-delà (il descend à 9,6 %, puis à 8,5 % pour les tranches supérieures). Si vos revenus sont très faibles (moins de 10 000 CHF), une cotisation minimale (500 CHF/an) est applicable. Contrairement à l'Allemagne ou à la France, il n'existe pas d'assurance chômage ou accident obligatoire pour les travailleurs indépendants ; vous pouvez souscrire une assurance privée. De plus, l'assurance maladie est distincte (non prélevée sur le salaire ; vous payez des primes). Aucune cotisation patronale n'existe puisque vous êtes votre propre patron ; vous couvrez ainsi la totalité des 10 % (mais notez que ces 10 % sont nettement inférieurs aux charges sociales combinées employeur et employé dans de nombreux pays de l'UE). * Épargne-retraite : Outre l’AVS, les résidents suisses cotisent souvent à une prévoyance privée (pilier 3a) ou, s’ils créent une entreprise, peuvent utiliser volontairement une prévoyance d’entreprise (LPP, 2e pilier). Ces régimes peuvent présenter des avantages fiscaux. Pour simplifier, en tant qu’entrepreneur individuel, vous n’êtes pas tenu de procéder ainsi ; c’est comme payer les cotisations sociales des travailleurs indépendants, sans autre obligation.

  • TVA : Si vous vous assujettissez à la TVA (au-delà de 100 000 $ de chiffre d’affaires), vous ajouterez 8,1 % aux factures de vos clients suisses et les reverserez périodiquement. Cependant, comme la plupart de nos scénarios concernent des clients étrangers, il est fréquent que vous facturiez 0 % pour les services d’exportation et que vous vous contentiez de quelques formalités administratives. Si votre chiffre d’affaires est inférieur à 100 000 $, vous ne vous inscrirez probablement pas du tout initialement, ce qui signifie aucune TVA sur vos factures – plus simple pour vous et vos clients.

2. Impôts du pays d'origine (Italie, Allemagne, France, Autriche) à titre de comparaison :

Voyons ce que vous paierez probablement si vous ne déménagez pas, et comment cela se compare :

  • Italie : Les freelances italiens ont un atout majeur si leur chiffre d'affaires est inférieur à 85 000 € : le régime forfettario (imposition forfaitaire). Avec le forfettario, vous payez 5 % d'impôt pendant les 5 premières années (si vous démarrez une activité), puis 15 % d'impôt forfaitaire, mais ces 5 %/15 % s'appliquent à une partie de votre chiffre d'affaires (le ratio de dépenses est fixe selon votre secteur d'activité ; par exemple, pour les consultants, 78 % du chiffre d'affaires est imposable et 22 % est considéré comme des dépenses). En réalité, ce régime est extrêmement avantageux pour beaucoup : même à 15 %, cela représente 15 % de, disons, 78 % du revenu, soit environ 11,7 % de votre revenu brut. Pas d'impôt progressif, pas de tranches élevées. De nombreux petits freelances italiens ont donc un impôt sur le revenu effectif compris entre 5 et 10 %. Il est difficile pour la Suisse de faire mieux, rien qu'en matière d'impôts, si vous êtes admissible au forfettario. Cependant, l'Italie prélève toujours des cotisations sociales. La plupart des freelances cotisent à une sécurité sociale distincte (INPS gestione separata) à hauteur d'environ 25 % de leurs revenus (avec un minimum). Avec le forfettario, vous conservez les cotisations à l'INPS. Ainsi, un Italien en forfettario pourrait payer 25 % (social) + 10 % (impôt effectif) = 35 % de ses revenus. Les professionnels à hauts revenus peuvent avoir leur propre fonds de pension avec des taux différents. * Si vos revenus italiens sont supérieurs à 85 000 € ou si vous n'êtes pas éligible au forfettario, vous adhérez au système standard : impôt IRPEF progressif de 23 % à 43 %, plus les majorations régionales et communales. À partir de 60 000 €, l'IRPEF peut être effectif à environ 30 % ; à partir de 100 000 €, vous atteignez la tranche de 43 % pour la partie supérieure. Plus les cotisations sociales (qui peuvent varier, mais s'élèvent à environ 25 %, sauf plafonnement). Ainsi, les hauts revenus en Italie peuvent être soumis à un impôt combiné de 50 %. C'est là que le total de 30 à 35 % (impôts + AVS) en Suisse est intéressant.

  • L'Italie dispose également d'un régime spécial pour les expatriés (exonération fiscale de 50 % pendant 5 ans) et d'un impôt forfaitaire de 100 000 € pour les nouveaux arrivants très fortunés, mais ces régimes ne sont pas couverts par notre champ d'application.

  • Allemagne : Les travailleurs indépendants en Allemagne paient un impôt progressif sur le revenu. En 2025, le taux maximum est de 42 % à partir de 68 000 € de revenu, et il passe à 45 % uniquement pour les revenus très élevés (277 000 € et plus). Il existe également une « surtaxe de solidarité » de 5,5 % sur l'impôt (ajoutant effectivement 2 à 3 % au taux) pour les hauts revenus, bien qu'elle ait été réduite récemment pour de nombreux contribuables. Cotisations sociales : l'Allemagne peut être indulgente envers les travailleurs indépendants, car de nombreux travailleurs indépendants sont exonérés de la retraite et de l'assurance chômage de l'État ; il suffit d'avoir une assurance maladie. L'assurance maladie en Allemagne peut être coûteuse : l'assurance publique prélève 14 % de vos revenus (plafonnés à 58 000 €, au-delà desquels elle atteint environ 800 €/mois), et vous payez l'intégralité du montant vous-même si vous êtes travailleur indépendant. Vous pouvez opter pour une assurance privée, qui peut être moins chère si vous êtes jeune, mais dont le tarif peut augmenter avec l'âge. Il existe également une particularité : certains freelances (artistes, journalistes) peuvent adhérer à une caisse spéciale (KSK) qui couvre la moitié de leurs cotisations sociales. Mais en général, un consultant freelance typique en Allemagne paie environ 30 à 35 % d’impôt sur le revenu sur 80 000 €, plus 5 à 10 000 € pour l’assurance maladie (et éventuellement quelques petites cotisations s’il choisit de cotiser volontairement à sa retraite). Le total pourrait donc avoisiner les 40 %. Si vous avez une famille, l’assurance maladie coûte plus cher (sauf si vous êtes une entreprise privée).

  • Il est à noter que l’Allemagne n’applique pas de taxe professionnelle locale (Gewerbesteuer) aux travailleurs indépendants, ce qui est une bonne chose. Et si vous gagnez moins de 22 000 €, vous pouvez être un Kleinunternehmer et éviter de payer la TVA.

  • Par rapport à l’Allemagne, la Suisse pourrait donc réduire légèrement l’impôt sur le revenu (surtout dans les cantons à faible fiscalité) et appliquer un taux social forfaitaire plus simple de 10 % (au lieu du système allemand, plus fragmenté). Cela pourrait représenter un gain net modéré, mais pas une différence astronomique, sauf si vos revenus sont très élevés.

  • France : Les impôts français ont la réputation d'être élevés. Le taux maximal d'imposition sur le revenu est de 45 % (au-delà de 168 000 €), mais la France prélève également des charges sociales importantes sur la plupart des revenus (CSG/CRDS, environ 9,7 %). C'est ainsi que certaines sources citent un taux maximal combiné de 55 %. Pour les revenus modestes : jusqu'à 27 000 €, vous payez 11 %, puis 30 % jusqu'à 77 000 €, puis 41 % jusqu'à 168 000, etc. Les travailleurs indépendants en France ont souvent recours au régime du micro-entrepreneur en dessous de certains seuils de revenus (pour les services, 77 700 €/an). Sous ce régime, vous payez environ 22 % de vos revenus au titre des cotisations sociales et éventuellement un faible impôt sur le revenu (2,2 %) si vous optez pour un impôt forfaitaire. Donc, en réalité, environ 24 % du chiffre d'affaires brut et aucune autre déclaration d'impôt sur le revenu. C'est assez intéressant pour la simplicité, mais attention, il s'agit du chiffre d'affaires et non du bénéfice ; si vos dépenses sont élevées, c'est moins idéal. Si vous dépassez le seuil ou quittez le régime micro, vous passez au régime standard : environ 45 % d'impôt sur le bénéfice pour les revenus les plus élevés, et des cotisations sociales (pour les professions libérales, celles-ci peuvent atteindre environ 25 à 30 % du bénéfice pour la retraite, la santé, etc., souvent avec des montants minimums fixes).

  • À titre indicatif : un travailleur indépendant français gagnant 50 000 € pourrait payer environ 15 000 € de cotisations sociales et peu ou pas d'impôt sur le revenu s'il est micro-entrepreneur, ce qui lui laisserait environ 35 000 € nets (70 %). En Suisse, 50 000 CHF seraient très peu imposés (peut-être 5 000 CHF) plus 5 000 CHF AVS, ce qui laisserait 40 000 CHF (80 %), mais des coûts plus élevés pourraient alors compenser la différence. Pour un revenu de 100 000 €, un travailleur indépendant français au régime standard pourrait facilement payer 45 000 € d'impôts + 20 000 € de cotisations sociales = 65 000 € (soit un revenu net de 35 000 € !). En Suisse, avec un revenu de 100 000 €, il pourrait payer 25 000 € d'impôts + 15 000 € d'AVS = 40 000 €, soit un revenu net de 60 000 €. C'est un gain net considérable en Suisse pour les hauts revenus. Mais à des niveaux inférieurs, disons 70 000 €, la France pourrait vous laisser 40 000 € nets, tandis que la Suisse vous laisserait peut-être 50 000 € nets – c'est mieux, mais cela a un coût…

  • La France dispose également de programmes spéciaux pour les expatriés et les résidents de retour (similaires à l'exonération pour impatriés en Italie), qui peuvent diviser par deux votre revenu imposable pendant 5 ans. Si l'un de ces programmes s'applique, votre impôt français pourrait déjà être faible.

  • Autriche : L'impôt sur le revenu autrichien atteint 50 % à environ 90 000 € et 55 % au-dessus de 1 million d'euros. La sécurité sociale des travailleurs indépendants (SSVA) représente environ 18 à 20 % du revenu (couvrant la retraite, la santé, etc.), avec des cotisations minimales d'environ 500 € par trimestre pour les nouvelles entreprises individuelles. Ainsi, un travailleur indépendant autrichien gagnant 60 000 € pourrait être soumis à 30 % d'impôt sur le revenu plus 12 000 € de cotisations sociales, soit environ 30 000 € au total (50 %). Il existe des dispositifs avantageux pour les petites entreprises (comme le nouveau Selbständigenbonus, qui accorde de faibles crédits d'impôt, ou qui permet de réduire le montant de ses revenus pour des simplifications comptables). Cependant, la fiscalité autrichienne est parmi les plus élevées d'Europe. La Suisse offrirait probablement une réduction d'impôt notable aux travailleurs indépendants autrichiens (surtout si vous choisissez un canton à faible fiscalité).

3. Double imposition – Pas d'inquiétude, vous ne paierez pas deux fois :

Lors d'un déménagement, il est crucial d'éviter d'être imposé dans les deux pays sur le même revenu. Tous les pays concernés (Italie, Allemagne, France, Autriche) ont conclu des conventions fiscales avec la Suisse. Ces conventions stipulent généralement qu'en devenant résident suisse, la Suisse a le droit d'imposer vos revenus mondiaux et que votre pays d'origine doit soit vous traiter comme un non-résident, soit vous accorder un crédit d'impôt étranger. En pratique :

  • Vous devrez déclarer vos revenus définitifs dans votre pays d'origine pour l'année de votre départ (couvrant les revenus jusqu'à la date de votre départ). Après cela, si vous avez correctement changé de résidence, vous n'y déclarerez plus d'impôts annuels sur vos revenus professionnels.
  • Exemple : Vous déménagez en Suisse le 1er juillet 2025. Pour la période de janvier à juin 2025, vous êtes imposable dans votre pays d'origine (éventuellement sur vos revenus mondiaux). À partir de juillet, vous êtes résident fiscal suisse et ne payez l'impôt suisse que sur les revenus perçus de juillet à décembre (et par la suite). La convention garantit que chaque tranche est imposée par l'un ou l'autre pays, et non par les deux.
  • Si vous continuez à percevoir des revenus de votre pays d'origine après votre déménagement (comme des redevances ou des revenus locatifs provenant de biens immobiliers que vous avez conservés), les règles de la convention déterminent qui les impose. En général, les revenus de placement peuvent toujours être imposés dans votre pays d'origine, mais la Suisse accorde alors un crédit, ou inversement.
  • L'essentiel est de couper clairement les liens de résidence fiscale avec votre pays d'origine : annulez l'enregistrement de votre résidence, séjournez moins de 6 mois par an dans votre pays et n'y conservez pas de résidence permanente. Chaque pays a des critères légèrement différents (par exemple, la France utilise le centre des intérêts économiques, l'Allemagne la règle des 6 mois, l'Italie les 183 jours et l'enregistrement). Assurez-vous de les respecter pour être incontestablement résident fiscal suisse.
  • Remarque : si vous déménagez en milieu d'année, une partie de vos revenus pourrait être imposée dans le pays à fiscalité plus élevée pendant une partie de l'année. Les importantes économies d'impôt se matérialisent donc pleinement dès la première année complète en Suisse.

4. Alors, allez-vous économiser de l'argent sur vos impôts ?

Si vous avez des revenus élevés (approchant ou dépassant les 100 000 €) : Très probablement oui. Du point de vue fiscal, le taux d'imposition effectif en Suisse peut facilement être inférieur de 10 à 20 points de pourcentage. De plus, vous n'aurez plus à vous soucier de la TVA trimestrielle dans l'UE (si elle est inférieure au seuil en Suisse) et vous bénéficierez de prélèvements sociaux légèrement inférieurs. Cela pourrait augmenter votre revenu net de 10 à 20 %, comme le suggèrent certaines estimations, surtout si vous payiez les taux les plus élevés chez vous. Par exemple, un travailleur indépendant français gagnant 120 000 € pourrait passer de 50 000 € nets en France à environ 75 000 € nets en Suisse, ce qui représente une augmentation considérable.

Si vous avez un revenu moyen (disons 50 000 à 80 000 €) : les économies sont bien plus marginales et, dans certains cas, vous pourriez payer plus globalement en Suisse, compte tenu de tous les coûts. De nombreux pays de l'UE ont mis en place des mesures pour alléger la charge fiscale des petites entreprises (comme l'impôt forfaitaire de 15 % en Italie, le régime simplifié en France, etc.), ce qui signifie que votre impôt effectif dans votre pays pourrait être moins élevé au départ. La Suisse imposera, par exemple, 70 000 CHF à un taux d'imposition de 10 à 15 % sur le revenu ; l'Italie, avec le forfettario, imposera ce montant de 5 à 15 %. Les cotisations sociales sont globalement assez similaires (Suisse : 10 %, Italie : 25 %, mais l’Italie pourrait imposer un plafond ou des réductions pour les petits revenus ; Allemagne : 0 % pour les retraites, mais 14 % pour la santé ; France : 22 % des recettes). Cela dépend beaucoup des cas.

Comparaison rapide pour un revenu de 60 000 € (environ 65 000 CHF) :

  • En Allemagne (célibataire, 60 000 € imposables) : Impôt sur le revenu : 12 000 € (effectif : 20 %), assurance maladie : 5 000 €, sans retraite = Net : 43 000 € (72 %).
  • En Italie (si éligible à l'acompte de 15 % sur 78 % du revenu) : Impôt : 7 000 €, INPS : 15 000 € = Net : 38 000 € (63 %). Sous le taux de départ de 5 %, le revenu net serait plus élevé : 43 000 €.
  • En France (micro-entrepreneur sur 60 000 € bruts de services) : social + impôt : 24 % de 60 000 € = 14,4 000 €, Net : 45,6 000 € (76 %). (Cependant, 60 000 € dépassent le seuil microéconomique s'il s'agit uniquement de services. Il faut donc considérer la norme : impôts ~10 000 €, charges sociales ~15 000 € = net ~35 000 €, 58 %).
  • En Autriche (bénéfice de 60 000 €) : impôts ~15 000 €, charges sociales ~12 000 € = net ~33 000 € (55 %).
  • En Suisse (65 000 CHF ~60 000 €, dans un canton à fiscalité moyenne) : impôts peut-être 6 000 CHF (5,5 000 €), AVS ~6,5 000 CHF (6 000 €), assurance maladie ~4,5 000 CHF (4 000 €) pour une personne, coûts totaux ~15,5 000 €, net ~44,5 000 € (74 %). Un canton à faible fiscalité pourrait percevoir un bénéfice légèrement supérieur, un canton à fiscalité élevée un peu moins.

Comme vous le voyez, la Suisse offrirait le meilleur revenu net pour l'Autriche (forte augmentation) et le régime français standard. Comparé à l'Allemagne, à la France (micro-impôt) ou à l'Italie (taux forfaitaire), le revenu net suisse est du même ordre, voire légèrement inférieur/supérieur. Et n'oubliez pas que le revenu net suisse est calculé avant prise en compte des différences de coût de la vie – que nous aborderons plus loin.

Avertissement important : Si votre activité indépendante a des marges bénéficiaires très faibles (c'est-à-dire que vous avez beaucoup de dépenses), la Suisse peut être avantageuse, car vous déduisez les dépenses réelles et ne payez l'impôt que sur le bénéfice réel. Dans certains régimes, comme le forfettario italien, vous ne pouvez pas déduire les dépenses réelles (ils supposent un pourcentage fixe). Ainsi, par exemple, si vous avez 80 000 € de chiffre d'affaires mais 40 000 € de dépenses, en Suisse, vous ne serez imposé que sur 40 000 € de bénéfice. En Italie, le forfettario pourrait supposer, par exemple, 22 % des dépenses uniquement, soit 62 000 € d'impôt. Dans ce cas, le système suisse pourrait vous faire économiser de l'argent malgré des taux de base plus élevés dans certains cas.

Autre remarque : « Qu'en est-il de cette retenue à la source de 35 % ? » Vous avez peut-être entendu dire que la Suisse applique une retenue à la source de 35 % sur certains paiements. Ceci ne s'applique pas à vos revenus de freelance en général. Il s'agit principalement d'intérêts bancaires, de dividendes de sociétés suisses, etc., et cet impôt est déductible de vos impôts. Cela n'a aucune incidence sur les bénéfices de votre entreprise ni sur les paiements de vos clients. Ce n'est donc pas un sujet de préoccupation pour nous.

Travailler pour vos clients de l'UE depuis la Suisse

(FAQ juridiques et pratiques)

L'un des avantages du travail moderne est de pouvoir servir des clients où qu'ils soient, et de n'importe où. La Suisse n'impose aucune obligation d'activité locale ni aucune restriction à l'exportation de services. Vous pouvez donc tout à fait continuer à travailler à distance pour vos clients italiens, allemands, français, etc. après votre déménagement. D'ailleurs, de nombreux freelances en Suisse ont une clientèle majoritairement étrangère (le pays est petit, après tout).

Voici quelques questions et considérations fréquentes :

Autres défis et conseils pour une transition en douceur

Déménager à l'étranger est une étape importante, au-delà des formalités administratives et financières. Voici quelques considérations et conseils pour réussir votre aventure suisse en tant que freelance :

  • Langue et intégration : La Suisse compte quatre langues nationales : l'allemand (le plus répandu, dans les cantons du centre et de l'est), le français (à l'ouest), l'italien (au sud, au Tessin) et le romanche (dans une petite partie des Grisons). De nombreux Suisses parlent bien l'anglais, notamment dans le monde des affaires, mais la vie quotidienne implique la langue locale. Préparez-vous à cela : par exemple, les contrats de bail, les lettres officielles et les formulaires fiscaux seront en allemand, français ou italien. Il est judicieux d’apprendre les bases de la langue locale du canton que vous choisissez. Cela est également bénéfique sur le plan social. Chaque région a ses particularités culturelles, et l'intégration (se faire des amis locaux, participer à des clubs ou à des activités) améliorera votre expérience. En tant que freelance, vous n'aurez pas de collègues avec qui socialiser ; vous devrez donc faire l'effort de rencontrer du monde, par exemple en participant à des espaces de coworking ou à des rencontres.

  • Réseautage professionnel : Même si vous pouvez gérer votre activité entièrement avec des clients étrangers, envisagez également de vous lancer sur le marché suisse pour découvrir de nouvelles opportunités. La Suisse compte de nombreuses entreprises et de nombreuses richesses ; si vous proposez quelque chose d'unique, vous pourriez attirer des clients prêts à payer plus cher. Rejoignez des groupes LinkedIn, des chambres de commerce locales ou des groupes de freelances (il existe des groupes Facebook pour les freelances anglophones à Zurich/Genève, etc.). Le bouche-à-oreille est très répandu en Suisse, et posséder une adresse et un numéro de téléphone suisses peut vous ouvrir des portes.

  • Banques et paiements : Ouvrir une banque suisse est simple avec votre permis, mais notez que certains services internationaux (comme certaines passerelles de paiement, Stripe, etc.) peuvent avoir des processus légèrement différents une fois que vous êtes basé en Suisse (par exemple, Stripe opère en Suisse, mais effectue des dépôts sur des comptes suisses en CHF ou en EUR, etc.). Ajustez votre facturation si nécessaire pour utiliser les bons codes IBAN et SWIFT. De plus, si vous possédez encore un compte bancaire dans votre pays d'origine, vous pouvez le conserver temporairement (surtout si vous devez payer des factures résiduelles ou si vous souhaitez conserver des euros). Par souci de simplicité, vous pourrez éventuellement le fermer ou non, à votre guise. Soyez attentif aux taux de change lorsque vous transférez de l'argent. Le franc suisse est relativement fort ; c'est bon pour votre pouvoir d'achat à l'étranger, mais si vos clients paient en euros, un franc fort signifie que vous recevez moins de CHF lors de la conversion de paiements en EUR (récemment, 1 € ≈ 0,95 CHF – presque la parité).

  • Formalités de sortie dans le pays d'origine : Nous avons évoqué la radiation du registre de résidence. Renseignez-vous également sur les procédures de sortie fiscale. Par exemple, si vous payiez des cotisations sociales dans votre pays (comme l'INPS en Italie ou la retraite en Autriche), informez-les de votre départ ; vous pourriez obtenir le remboursement d'une partie de vos cotisations ou au moins mettre fin à toute obligation de paiement. Si vous payez des impôts locaux ou des cotisations à la chambre des métiers, annulez-les. Annulez ou mettez à jour tout enregistrement d'entreprise ou de TVA dans votre pays d'origine, afin que les autorités locales sachent que vous avez cessé votre activité (pour éviter de recevoir automatiquement des avis d'imposition ou des amendes). En résumé, fermez la page pour pouvoir opérer en toute légalité, uniquement sous la réglementation suisse. * Retraite et avantages sociaux : L’un des inconvénients d’un déménagement est que vous pourriez quitter un système de sécurité sociale qui vous assurait certaines prestations. Par exemple, en France ou en Allemagne, en tant que travailleur indépendant, vous pourriez ne pas bénéficier d’une couverture chômage. La situation est donc similaire en Suisse (pas de chômage pour les indépendants). Pour votre retraite, l’AVS suisse contribuera à votre future pension de retraite (qui peut être inférieure à celle de certains pays de l’UE, mais vous pourrez toujours décider ultérieurement où prendre votre retraite et éventuellement cumuler les prestations via les conventions). Envisagez de cotiser à une pension privée (pilier 3a en Suisse) pour bénéficier d’une déduction fiscale et constituer une épargne-retraite. Si vous quittez finalement la Suisse, vous pourrez souvent retirer votre pension accumulée (sous certaines conditions).

  • Plan de secours : Que faire en cas d’échec ou si vous décidez de revenir ? Les citoyens de l’UE peuvent toujours rentrer chez eux à tout moment. Si vous renoncez à votre permis suisse, vous pouvez vous désinscrire et retourner dans votre ancien pays (ou en essayer un autre). Il est judicieux de conserver certains liens (non pas fiscaux, mais pratiques) : par exemple, conserver un compte bancaire local ou une adresse postale dans votre pays d’origine pendant un certain temps, jusqu’à ce que vous soyez certain que la Suisse soit votre destination à long terme. De plus, si vous possédez un bien immobilier dans votre pays d’origine, cela peut compliquer la question de la résidence fiscale (mais généralement, si vous le louez ou s’il est mineur, la convention le prévoit).

  • Conseils professionnels : Ce guide est un excellent point de départ (si on peut dire !), mais envisagez une consultation d’une heure avec un conseiller fiscal suisse ou un consultant en relocation, surtout si votre situation présente des particularités (comme une famille, des revenus très élevés, ou des complications potentielles avec un client). La bureaucratie suisse est relativement claire, mais un professionnel peut vérifier que vous optimisez les choses (par exemple, il pourrait vous conseiller si vous devez vous inscrire volontairement à la TVA, ou si vous devez créer une GmbH pour des raisons de responsabilité ou de fiscalité, etc.). Les services de comptabilité pour un simple entrepreneur individuel peuvent coûter quelques centaines de CHF par an, ce qui peut valoir la peine de s'assurer de bien déclarer ses impôts, surtout la première année, où vous pourriez avoir à payer des impôts sur une partie de l'année.

  • Aspect psychologique : Quitter, par exemple, l'Italie ensoleillée ou la France culturellement bouillonnante pour la paisible Suisse peut être un choc. La propreté et l'efficacité sont appréciables, mais le dynamisme et certains aspects du style de vie de votre pays d'origine pourraient vous manquer. Il est conseillé de visiter la Suisse pour une période prolongée (jusqu'à 90 jours) avant de s'engager. En fait, les citoyens de l'UE peuvent séjourner en Suisse jusqu'à 3 mois en tant que visiteur. Vous pouvez faire un essai : y vivre un mois ou deux (sous-location Airbnb), co-travailler, rencontrer des locaux et voir comment vous appréciez la vie quotidienne avant de déménager complètement votre vie et votre entreprise. Cela pourra vous permettre de confirmer si cela vous convient personnellement. * Conjoint travaillant :** Si vous avez un partenaire, sachez que votre permis B UE lui donne généralement le droit de travailler également (même s'il n'est pas ressortissant de l'UE, il peut travailler dans le cadre du regroupement familial). Cependant, la recherche d'emploi peut s'avérer difficile pour lui sans parler la langue locale. Discutez-en, car s'il ne trouve pas d'emploi, son seul revenu d'indépendant sera-t-il toujours rentable après déduction des frais ? En revanche, s'il trouve un bon emploi en Suisse, toute l'équation financière s'améliore.

  • « Si les revenus baissent, que se passe-t-il ? » Sachez que le permis B UE de 5 ans est relativement sûr : il ne sera pas révoqué tant que vous ne serez pas une charge pour les aides sociales. Si votre entreprise rencontre des difficultés et que vous commencez à ne plus rien gagner, les autorités pourraient, après un certain temps, remettre en question votre autonomie. La loi suisse stipule que les citoyens de l'UE ont le droit de rester tant qu'ils sont économiquement actifs ou disposent de moyens suffisants. En pratique, si vous avez connu une mauvaise année, vous ne serez généralement pas expulsé si vous avez des économies ou un plan crédible pour vous redresser. Évitez toutefois de dépendre de l'aide sociale suisse : c'est un signal d'alarme pour les renouvellements. Dans le pire des cas, vous pourriez changer de catégorie de permis (comme résident sans emploi si vous avez réellement des économies ou des investissements pour vivre). Cependant, ces scénarios sont rares : la plupart des personnes qui déménagent pour travailler en freelance continuent de gagner leur vie sans problème.

  • Logistique de déménagement : Déménager physiquement : vous pouvez apporter vos meubles ou non. La Suisse vous autorise à importer vos effets personnels en franchise de droits lors de votre installation (vous remplissez un formulaire à la douane). Si vous apportez une voiture, vous pouvez l'utiliser pendant un an, puis vous devrez l'importer officiellement et l'immatriculer en Suisse (et payer les droits d'importation et la faire inspecter). Certains décident de vendre la voiture et d'en acheter une en Suisse. Pour les petits détails comme les appareils électriques, les prises suisses sont différentes (mais les prises européennes de type C sont compatibles avec les prises suisses, contrairement aux grosses prises Schuko). Il faudra peut-être quelques mois pour se sentir complètement installé.

Conclusion

Prendre la décision

S'installer en Suisse en tant que freelance européen est tout à fait faisable (des milliers de personnes le font) et peut être un moyen de réduire ses impôts et de se construire un nouveau style de vie. Pour un freelance bien rémunéré, lassé de voir la moitié de ses revenus être imposables dans son pays d'origine, la Suisse offre une alternative intéressante avec des taux d'imposition effectifs souvent compris entre 20 et 30 %, une économie stable et des services de qualité. Vous pouvez poursuivre légalement votre télétravail pour des clients étrangers ; le système suisse est suffisamment flexible pour accueillir les entreprises individuelles étrangères, à condition de suivre les étapes de création et de démontrer que vous êtes véritablement indépendant.

Cependant, il n'existe pas de solution universelle. Il faut peser le pour et le contre du coût de la vie. Pour les revenus inférieurs à six chiffres ou ceux bénéficiant déjà de régimes fiscaux avantageux (comme l'impôt forfaitaire italien), le gain financier peut être faible, voire nul, une fois que vous payez les prix suisses du loyer, de l'assurance et des cafés. En résumé, la Suisse privilégie les revenus plus élevés : si vous gagnez bien plus de 100 000 €, vous êtes celui qui gagne le plus en francs absolus. Si vous gagnez moins de 50 000 €, vous pourriez en réalité conserver moins d’argent à la fin du mois en Suisse que chez vous.

Alors, allez-vous réellement économiser de l’argent ?Peut-être que oui, peut-être que non. Faites le calcul pour votre scénario. Si, après calcul, vous constatez que vous ne gagneriez qu’un tout petit peu plus (ou moins) en Suisse, demandez-vous si les avantages non monétaires justifient tout de même le jeu : sécurité, propreté, environnement international, nature magnifique, etc. Pour certains, ces avantages sont inestimables. Pour d’autres, aucune montagne ne peut justifier une baisse de salaire.

Peut-on continuer à travailler en freelance légalement, même avec un seul client ?Absolument oui. L’essentiel est de bien enregistrer et de gérer son entreprise comme une véritable entreprise. Des milliers de travailleurs indépendants vivent en Suisse et facturent un client étranger principal ; Ils satisfont aux critères de « non-salarié » en étant clairement autonomes dans la pratique. Dans votre candidature et vos relations avec les autorités, mettez l'accent sur votre indépendance et votre autonomie. Une fois installé, vous profiterez du climat politiquement stable et propice aux affaires en Suisse. Personne ne vous dérangera tant que vous payez vos impôts et cotisations.

Pour prendre votre décision, demandez conseil, planifiez bien et, si possible, testez le terrain avec un court séjour. Si vous décidez de franchir le pas, vous disposez désormais d'une feuille de route pour vous guider tout au long du processus. La Suisse peut être un endroit fantastique où vivre et travailler : des rues propres, des services efficaces, une faible criminalité et, bien sûr, des impôts relativement bas. Soyez simplement attentif aux coûts et à la bureaucratie pour ne pas être pris au dépourvu.

En fin de compte, déménager n'est pas seulement un calcul financier, c'est un choix de vie. Si tout concorde – vos finances, vos objectifs personnels, votre sens de l'aventure – alors la Suisse pourrait bien être la solution idéale, tant pour votre portefeuille que pour votre bien-être. Viel Glück, bonne chance, buona fortuna, bun fortuna – quelle que soit votre langue, nous vous souhaitons une expérience réussie en tant que freelance en Suisse !

(Pour des informations officielles, consultez le portail du gouvernement suisse ch.ch et les directives du Secrétariat d'État aux migrations (SEM). N'hésitez pas à demander conseil à un professionnel adapté à votre situation.)