Planification de la retraite pour indépendants suisse

(LPP, 3e pilier) pour les indépendants en 2025

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Se lancer dans le travail indépendant en Suisse offre des avantages indéniables : flexibilité, indépendance et liberté de construire sa propre activité. Mais cela implique aussi des responsabilités auxquelles les salariés pensent rarement, notamment la planification de la retraite.

Lorsque vous quittez un emploi salarié traditionnel, personne ne cotise automatiquement à votre caisse de retraite. Le système de protection sociale qui fonctionnait auparavant de manière transparente requiert désormais votre attention et vos décisions. Ce guide présente un aperçu complet du fonctionnement du système de retraite suisse pour les travailleurs indépendants, en particulier du deuxième pilier (LPP/BVG) et de sa comparaison avec l’épargne du troisième pilier (3a).

Tous les chiffres et seuils mentionnés dans ce guide correspondent au cadre réglementaire de 2025, ces valeurs étant régulièrement ajustées par les autorités suisses.

Comprendre le système suisse des trois piliers

Le système de retraite suisse repose sur trois piliers distincts, chacun ayant un objectif spécifique pour garantir la sécurité financière des retraités.

⭐Le Premier Pilier : AVS/AHV

Le premier pilier comprend l’assurance vieillesse et survivants fédérale (AVS en français, AHV en allemand). Il s’agit d’un système de répartition financé par les cotisations de la population active et de leurs employeurs. Il est obligatoire pour tous ceux qui vivent ou travaillent en Suisse, y compris les indépendants.

Le premier pilier est conçu pour couvrir les besoins de base à la retraite—rien de plus. Pour les personnes ayant une carrière de cotisations complète (44 ans pour les hommes, 43 ans pour les femmes), la pension AVS maximale en 2025 s’élève à environ CHF 2’450 par mois pour une personne seule. La plupart des gens reçoivent un peu moins, en fonction de leur historique de cotisations et du revenu moyen sur leur vie professionnelle.

Pour les freelances, les cotisations AVS sont calculées sur le revenu net d’indépendant et suivent une échelle progressive. Ceux qui gagnent plus d’environ CHF 60’500 par an paient le taux maximum de 10,6 % sur leur revenu (y compris les cotisations à d’autres régimes de premier pilier comme l’assurance invalidité).

⭐Le Deuxième Pilier : LPP/BVG (Prévoyance Professionnelle)

Le deuxième pilier comprend les régimes de prévoyance professionnelle, connus sous le nom de LPP (Loi sur la prévoyance professionnelle) en français ou BVG (Berufliche Vorsorge) en allemand. Pour les employés, la participation devient obligatoire dès que leur salaire annuel dépasse un seuil minimum.

L’objectif combiné des premier et deuxième piliers est de fournir aux retraités environ 60 % de leur dernier salaire—suffisant pour maintenir leur niveau de vie habituel plutôt que de simplement survivre.

Contrairement au modèle par répartition du premier pilier, le deuxième pilier fonctionne sur une base de capitalisation : les cotisations s’accumulent dans des comptes individuels, sont investies par les caisses de pension et sont éventuellement converties en prestations de retraite.

⭐Le Troisième Pilier : Épargne Privée

Le troisième pilier comprend l’épargne privée volontaire, divisée en deux catégories :

  • Pilier 3a : Épargne retraite fiscalement avantageuse avec des limites annuelles de cotisation et des restrictions sur les retraits
  • Pilier 3b : Épargne et investissements complètement flexibles sans traitement fiscal particulier (au-delà de l’imposition standard sur la fortune)

Pour les employés, le troisième pilier sert de complément aux premier et deuxième piliers obligatoires. Pour les freelances, il devient souvent le principal véhicule d’épargne retraite.

Comment le deuxième pilier fonctionne pour les employés

Avant d’examiner la perspective des indépendants, il est utile de comprendre comment la LPP fonctionne dans sa forme « standard » pour les employés. Cela fournit un contexte pour les différences rencontrées par les freelances.

✔️ Conditions d’éligibilité

Pour les employés en 2025, la couverture de la deuxième pilier devient obligatoire lorsque :

  • La personne cotise déjà à l’AVS via son emploi
  • Le salaire annuel dépasse CHF 22’680 (seuil d’entrée pour 2025)
  • La personne a atteint 17 ans pour la couverture des risques (décès et invalidité), ou 25 ans pour l’épargne retraite

Les employeurs doivent être affiliés à une caisse de pension et s’assurer que leurs employés qualifiés sont inscrits. L’employé n’a aucun choix : la participation est automatique et obligatoire.

✔️ Le déduction de coordination

Un concept clé de la deuxième pilier est le déduction de coordination. Comme la première pilier fournit déjà une partie du revenu de retraite, la deuxième pilier est conçue pour couvrir uniquement la portion du salaire non déjà couverte par l’AVS.

En 2025, les seuils pertinents sont :

Paramètre Montant (CHF)
Déduction de coordination 26’460
Seuil d’entrée 22’680
Salaire assuré maximum 90’720
Salaire coordonné minimum 3’780
Salaire coordonné maximum 64’260

Le salaire coordonné — le montant effectivement soumis aux cotisations LPP — est calculé en soustrayant la déduction de coordination du salaire annuel brut :

Salaire coordonné = Salaire annuel brut − 26’460

Par exemple, un employé gagnant CHF 85’000 par an aurait un salaire coordonné de CHF 58’540. Un employé gagnant CHF 150’000 serait plafonné au salaire coordonné maximum de CHF 64’260 pour la couverture obligatoire (bien que de nombreuses caisses de pension offrent une couverture sur-obligatoire au-dessus de ce plafond).

✔️ Taux de cotisation selon l’âge

La loi suisse sur les pensions établit des taux de cotisation minimum qui augmentent avec l’âge, reflétant l’horizon d’investissement plus court des travailleurs plus âgés. Ces crédits de vieillesse représentent la part épargne des cotisations :

Tranche d’âge Taux de crédit de vieillesse
25–34 ans 7%
35–44 ans 10%
45–54 ans 15%
55–65 ans 18%

Ces pourcentages s’appliquent au salaire coordonné. En plus des crédits de vieillesse, les caisses de pension facturent des primes pour la couverture des risques (invalidité et décès) et des frais administratifs. Les cotisations totales dépassent donc les taux de crédit de vieillesse indiqués ci-dessus.

Pour les employés, la loi exige que les employeurs paient au moins la moitié des cotisations totales. De nombreux employeurs contribuent volontairement au-delà du minimum, ce qui représente une composante précieuse de la rémunération globale.

✔️ Calcul des prestations de retraite

À la retraite, les avoirs de pension accumulés peuvent être convertis en rente viagère à l’aide du taux de conversion. Pour la portion obligatoire des actifs de la deuxième pilier, la loi suisse prévoit un taux de conversion de 6,8 %.

La pension annuelle est calculée comme suit :

Pension annuelle = Avoirs de retraite accumulés × Taux de conversion

Une personne prenant sa retraite avec CHF 400’000 d’avoirs LPP obligatoires recevrait :

400’000 × 6,8% = CHF 27’200 par an (environ CHF 2’267 par mois)

Il convient de noter que de nombreuses caisses de pension appliquent des taux de conversion plus faibles pour les avoirs sur-obligatoires, et un débat politique est en cours pour réduire également le taux légal de 6,8 % pour les avoirs obligatoires, compte tenu de l’allongement de l’espérance de vie et des faibles taux d’intérêt.

La position fondamentalement différente des travailleurs indépendants

Pour les travailleurs indépendants, le paysage de la planification de la retraite est sensiblement différent. Comprendre ces différences est essentiel pour prendre des décisions éclairées.

✔️ Obligations permanentes

Les travailleurs indépendants en Suisse sont soumis aux obligations suivantes :

Premier pilier (AVS/IA/APG)

Obligatoire, avec des cotisations basées sur le revenu net d'activité indépendante

Deuxième pilier (LPP)

Entièrement facultatif

Troisième pilier (3a et 3b)

Facultatif, mais fortement recommandé

Cela signifie qu'un travailleur indépendant peut légalement exercer son activité avec la seule couverture de l'AVS (Assurance Maladie Professionnelle), mais cela se traduit généralement par un revenu de retraite bien inférieur au niveau de vie nécessaire et laisse d'importantes lacunes en matière de protection contre l'invalidité et le décès.

✔️ Voies d'accès à la couverture du deuxième pilier

Les travailleurs indépendants souhaitant bénéficier du deuxième pilier disposent de plusieurs options :

Caisses de retraite des ordres professionnels : De nombreuses professions gèrent leurs propres régimes de retraite. Les médecins, avocats, architectes, ingénieurs, pharmaciens et autres professions réglementées disposent souvent de caisses bien établies qui acceptent les membres exerçant à titre indépendant. Ces caisses proposent généralement des conditions adaptées aux profils de revenus et aux parcours professionnels de la profession.

Fonds collectifs pour les travailleurs indépendants : Divers fonds de retraite sont spécifiquement destinés aux travailleurs indépendants non membres d'un ordre professionnel. Ces organismes comprennent la Stiftung Auffangeinrichtung BVG (Fondation de prévoyance professionnelle de substitution) et des prestataires spécialisés comme ceux proposés par les grandes compagnies d'assurance et les banques.

Affiliation à un fonds de pension des salariés : Les travailleurs indépendants qui emploient du personnel et doivent donc gérer un fonds de pension pour leurs employés peuvent souvent s'assurer eux-mêmes auprès du même organisme. Cette option simplifie les démarches administratives, mais nécessite d'avoir des salariés.

Chaque option présente ses propres structures de cotisation, stratégies d'investissement, garanties de couverture des risques et niveaux de coûts. Il est conseillé de comparer plusieurs offres avant de s'engager.

✔️ Prise en charge des deux parts de cotisation

Une différence pratique cruciale pour les travailleurs indépendants réside dans le fait qu'ils doivent payer à la fois la part patronale et la part salariale des cotisations. Alors qu'un salarié peut voir une retenue de 7 % sur son salaire, complétée par une cotisation patronale de 7 % (14 % au total), un travailleur indépendant paie l'intégralité des 14 % sur ses propres fonds.

Cela double de fait le coût apparent de la participation au deuxième pilier par rapport aux cotisations salariales. Cependant, la totalité de la cotisation reste déductible des impôts, et le travailleur indépendant bénéficie pleinement des économies accumulées.

✔️ Implications fiscales

Le traitement fiscal de la participation volontaire au régime de protection sociale (RPS) constitue l'un de ses atouts majeurs pour les indépendants :

Revenu déductions fiscales: Toutes les cotisations à un régime volontaire du deuxième pilier sont entièrement déductibles du revenu imposable, réduisant ainsi l’impôt fédéral et l’impôt cantonal/communal sur le revenu. Pour une personne dont le taux marginal d’imposition est de 35 %, chaque tranche de 10 000 CHF cotisée ne coûte en réalité que 6 500 CHF après déduction des impôts.

Réduction des cotisations AVS : Un avantage souvent négligé est que les cotisations aux fonds de pension réduisent l’assiette de calcul des cotisations AVS. Concrètement, seule la moitié des cotisations est prise en compte dans le calcul des cotisations AVS. Cela représente une économie supplémentaire d’environ 5 % sur le montant exclu.

Opportunités de rachat : Les personnes qui adhèrent à un fonds de pension plus tard dans leur carrière, ou dont les revenus ont sensiblement augmenté, peuvent souvent effectuer d’importants versements forfaitaires pour compléter leur épargne-retraite. Ces rachats sont déductibles d’impôt l’année de leur réalisation, offrant ainsi des opportunités de planification fiscale intéressantes pour les hauts revenus.

Pour les travailleurs indépendants disposant de revenus importants, ces avantages fiscaux peuvent rendre la participation au deuxième pilier de la retraite financièrement avantageuse, même avant de prendre en compte la sécurité de la retraite.

Calcul de vos contributions potentielles

Comprendre le fonctionnement concret des cotisations permet de déterminer si la participation au deuxième pilier est pertinente dans votre situation. La méthodologie suivante s'applique lorsqu'un fonds de pension utilise les règles standard du régime de retraite complémentaire pour sa couverture obligatoire.

✔️ Détermination de votre revenu de référence

Le point de départ est votre revenu net d'activité indépendante tel que reconnu pour le régime de retraite complémentaire. Il s'agit essentiellement de votre bénéfice d'activité après déduction des frais professionnels légitimes, mais avant déductions personnelles.

À titre d'exemple, prenons le cas d'un consultant indépendant dont le revenu net annuel est de 95 000 CHF.

✔️ Calcul du salaire coordonné

En utilisant la déduction de coordination de 26 460 CHF pour 2025 :

Salaire coordonné = 95 000 − 26 460 = 68 540 CHF

Cependant, ce montant dépassant le salaire coordonné maximal de 64 260 CHF, il est plafonné à 64 260 CHF pour le calcul de la couverture obligatoire.

✔️ Application des taux en fonction de l’âge

Pour un consultant de 40 ans, le taux de crédit retraite applicable est de 10 % (tranche d’âge 35-44 ans) :

Crédit retraite annuel = 64 260 × 10 % = 6 426 CHF

Cela représente environ 535 CHF par mois d’épargne retraite pure.

En ajoutant les primes de risque et les frais administratifs, le total des cotisations mensuelles peut atteindre 600 à 700 CHF. Le montant exact dépend de la structure de coûts du fonds de pension et du niveau de couverture des risques.

✔️ Comprendre ce que ces cotisations permettent d'obtenir

Outre la constitution d'un capital retraite, les cotisations du deuxième pilier comprennent généralement :

  • Retraite d'invalidité : souvent 60 à 70 % du salaire assuré en cas d'incapacité de travail.
  • Prestations de survivants : pensions versées au conjoint survivant et aux enfants en cas de décès avant la retraite.
  • Constitution du capital retraite : l'épargne qui financera votre future pension.

L'importance relative accordée à chaque composante varie selon les fonds de pension. Certains régimes privilégient une couverture des risques étendue ; d'autres, la maximisation de l'épargne retraite. Il est important d'évaluer ces compromis en fonction de votre situation familiale et de votre couverture d'assurance actuelle.

Scénarios illustratifs

Les exemples suivants illustrent les résultats potentiels dans différentes circonstances. Ces illustrations reposent sur des hypothèses simplifiées et ne constituent en aucun cas une garantie de résultats ; les résultats réels dépendent des rendements des investissements, des structures de frais et des évolutions réglementaires futures.

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Scénario A :
Graphiste débutant

Profil :
-Âge : 32 ans
-Revenu net d’activité indépendante : 72 000 CHF
-Salaire coordonné : 72 000 − 26 460 = 45 540 CHF
-Taux de crédit retraite (25-34 ans) : 7 %

Cotisations annuelles (part épargne) : 3 188 CHF (environ 266 CHF/mois)

Projection sur 33 ans jusqu’à la retraite :
En supposant un taux d’intérêt crédité de 1,5 % par an (légèrement supérieur au taux minimum actuel), ces cotisations permettraient de constituer un capital retraite d’environ 140 000 à 150 000 CHF.

Avec un taux de change de 6,8 %, cela représenterait une pension annuelle d’environ 10 000 CHF (environ 830 CHF/mois) provenant du seul deuxième pilier.

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Scénario B :
Consultant informatique établi

Profil :
-Âge : 42 ans
-Revenu net d’activité indépendante : 130 000 CHF
-Salaire de référence : Plafonné à 64 260 CHF (car 130 000 − 26 460 = 103 540 dépasse le plafond)
-Taux de crédit retraite (35-44 ans) : 10 %

Cotisations annuelles (part épargne) : 6 426 CHF (environ 535 CHF/mois)

Projection sur 23 ans jusqu’à la retraite :
Avec un taux d’intérêt annuel crédité de 1,5 %, ces cotisations permettraient de constituer un capital retraite d’environ 180 000 à 190 000 CHF.

À un taux de change de 6,8 %, cela représenterait une pension annuelle d’environ 12 500 CHF (environ 1 040 CHF/mois).

Toutefois, ce consultant pourrait également bénéficier d'une couverture supplémentaire obligatoire (assurant les revenus supérieurs à 90 720 CHF) et pourrait effectuer des cotisations d'achat substantielles, ce qui pourrait augmenter considérablement le montant final de sa pension.

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Scénario C :
Contributeur maximal à long terme

Profil :
-Âge de début : 30 ans
-Revenu net d’activité indépendante : constamment supérieur à 90 720 CHF
-Salaire coordonné : maximum de 64 260 CHF sur l’ensemble de la carrière
-Durée de cotisation : 35 ans

Taux moyen pondéré de crédit de retraite : environ 13 % (en tenant compte du temps passé dans chaque tranche d’âge)

Cotisations totales estimées (part épargne) : environ 292 000 CHF sur 35 ans

Accumulation projetée avec un taux d’intérêt de 1,5 % : environ 380 000 à 400 000 CHF

Pension annuelle résultante : environ 26 000 à 27 000 CHF (2 150 à 2 250 CHF/mois)

Combinée à une pension AVS complète d’environ 29 400 CHF par an, cette pension représente un montant important. Chaque personne recevrait un revenu total du premier et du deuxième pilier d'environ 55 000 à 56 000 CHF par an, ce qui se rapproche de l'objectif de remplacement du revenu de 60 % que le système est conçu pour atteindre.

Le rôle du pilier 3a dans la planification de la retraite des travailleurs indépendants

Pour les travailleurs indépendants, la troisième pilier—en particulier le pilier 3a—mérite une attention sérieuse, en complément ou en remplacement de la participation à la deuxième pilier. Les règles diffèrent considérablement pour ceux qui ne sont pas affiliés à une caisse de pension.

✔️ Limites de contribution accrues pour les indépendants non affiliés

Les limites de contribution du pilier 3a pour 2025 créent une dynamique intéressante :

Situation Contribution annuelle maximale 3a
Affilié à une caisse de pension CHF 7’258
Indépendant sans caisse de pension 20 % du revenu net, jusqu’à CHF 36’288

Un freelance gagnant CHF 120’000 par an et choisissant de ne pas rejoindre une caisse de pension peut contribuer jusqu’à CHF 24’000 au pilier 3a—plus de trois fois ce qui serait possible avec une affiliation à une caisse de pension.

Cela crée un véritable choix stratégique : rejoindre une caisse de pension et accepter la limite 3a plus faible, ou renoncer à la deuxième pilier et maximiser les contributions au 3a.

✔️ Comparaison des approches d’investissement

Les fonds de la deuxième pilier fonctionnent sous des contraintes réglementaires strictes. Ils doivent maintenir certains niveaux de réserve, suivre des directives de répartition d’actifs conservatrices et garantir un taux d’intérêt minimum sur les actifs obligatoires (actuellement 1,25 %). La plupart des fonds offrent des rendements dans la plage de 1–3 % sur le long terme, avec une volatilité limitée mais aussi un potentiel de gain limité.

Les comptes du pilier 3a offrent une flexibilité d’investissement beaucoup plus grande. Les fournisseurs modernes de 3a permettent des allocations en actions de 80–100 %, permettant aux participants de bénéficier des rendements boursiers à long terme. Sur des horizons de 30 ans, les portefeuilles fortement investis en actions ont historiquement généré des rendements nettement supérieurs à ceux des investissements conservateurs des caisses de pension—mais avec une volatilité plus élevée et sans garanties.

Le choix implique un compromis fondamental entre sécurité et potentiel de croissance.

✔️ Considérations sur la couverture des risques

Une différence critique souvent négligée : la participation à la deuxième pilier inclut généralement l’assurance invalidité et survivants dans le cadre du package. Si un membre de la caisse de pension devient invalide, il reçoit des paiements de rente continus. En cas de décès, son conjoint et ses enfants reçoivent des prestations de survivants.

Le pilier 3a n’offre pas une telle protection. Les économies accumulées sont disponibles pour les héritiers en cas de décès du titulaire du compte, mais il n’existe pas de flux de revenu continu pour les survivants. L’invalidité ne déclenche aucun avantage spécial—le compte existe simplement avec le solde accumulé.

Les freelances qui comptent uniquement sur le pilier 3a doivent souscrire séparément une assurance invalidité et une assurance vie s’ils souhaitent protéger leur famille contre ces risques. Le coût de cette couverture doit être pris en compte dans toute comparaison.

Cadre stratégique

Choisir votre approche

Compte tenu des compromis à faire, comment un travailleur indépendant doit-il choisir entre participer au deuxième pilier, maximiser le pilier 3a, ou une combinaison de ces options ? L’approche optimale dépend de la situation individuelle.

✔️ Quand le pilier 3a suffit

Privilégier le pilier 3a au deuxième pilier est souvent judicieux dans les cas suivants :

  • Revenus modérés ou variables : Si vos revenus fluctuent considérablement, la flexibilité des cotisations au pilier 3a (vous pouvez cotiser moins les années creuses) est précieuse.
  • Horizon d’investissement à long terme : Les jeunes indépendants peuvent tolérer la volatilité du marché du pilier 3a et bénéficier de rendements attendus plus élevés.
  • Besoins de couverture des risques déjà satisfaits : Si vous disposez d’une assurance invalidité et d’une assurance-vie adéquates par le biais d’autres dispositifs.
  • Vous accordez de l’importance au contrôle de vos investissements : Le pilier 3a vous permet de choisir votre prestataire et votre stratégie d’investissement.
  • La simplicité est importante : Gérer un compte 3a est simple comparé à la complexité des fonds de pension.

✔️ Quand la participation au deuxième pilier devient intéressante

Adhérer à un fonds de pension est particulièrement judicieux dans les cas suivants :

  • Revenus élevés et stables : Les Les avantages fiscaux liés à la déduction sont proportionnels au revenu, et la prévisibilité des gains facilite la gestion des cotisations fixes.
  • Vous avez besoin d'une couverture de risque intégrée : Les prestations combinées d'invalidité et de survivants offrent une protection complète.
  • Vous souhaitez maximiser vos déductions fiscales : Les cotisations au LPP, augmentées des rachats, peuvent dépasser le plafond autorisé par le seul pilier 3a.
  • Vous préférez une épargne structurée : Les cotisations fixes imposent une discipline que l'épargne individuelle peut ne pas offrir.
  • Vous approchez de la retraite : La moindre volatilité des investissements des fonds de pension devient plus pertinente à mesure que l'horizon d'investissement se raccourcit.

✔️ L'approche combinée

De nombreux travailleurs indépendants établis finissent par adopter une double stratégie :

  • Maintenir sa participation au deuxième pilier pour la couverture des risques et une épargne fiscalement avantageuse à faible volatilité.
  • Cotiser au pilier 3a (le plafond réduit de 7 258 CHF applicable avec l'affiliation à un fonds de pension) pour une épargne fiscalement avantageuse supplémentaire avec un potentiel de croissance plus élevé.

Cette approche réduit légèrement la marge de cotisation par rapport au plafond du pilier 3a sans fonds de pension, mais offre… exposition diversifiée à l'épargne-retraite, tant conservatrice que axée sur la croissance.

Étapes pratiques de mise en œuvre

Mettre ce cadre en action nécessite une évaluation systématique de votre situation et des options disponibles.

✔️ Évaluer votre position actuelle

Commencez par rassembler les informations clés :

  • Revenu net moyen des deux à trois dernières années (pour évaluer la stabilité du revenu)
  • Âge actuel et nombre d’années prévues avant la retraite
  • Actifs de retraite existants dans n’importe quel pilier (historique des cotisations AVS, éventuelle 2e pilier existante issue d’un emploi précédent, comptes 3a existants)
  • Situation familiale et personnes à charge nécessitant une protection
  • Couverture d’assurance actuelle pour l’invalidité et le décès

✔️ Évaluer vos priorités

Classez l’importance des différents facteurs pour votre situation :

  • Réduction fiscale pour l’année en cours
  • Protection contre les risques liés à l’invalidité et au décès
  • Performance des investissements et potentiel de croissance
  • Flexibilité des montants et du calendrier des cotisations
  • Simplicité de gestion administrative

✔️ Rechercher les options disponibles

Si vous envisagez la participation à la deuxième pilier :

  • Vérifiez si votre profession dispose d’une caisse de pension associée
  • Demandez des informations à deux ou trois fondations collectives servant les indépendants
  • Si vous avez des employés, examinez les conditions de votre caisse de pension existante pour la participation des propriétaires indépendants
  • Comparez les structures de cotisation, les prestations de risque, les niveaux de coût et les approches d’investissement

✔️ Prendre une décision et la mettre en œuvre

Sur la base de votre analyse :

  • Décidez de votre approche globale (2e pilier, seulement 3a ou combiné)
  • Sélectionnez les fournisseurs spécifiques
  • Déterminez les montants de cotisation et les calendriers de paiement
  • Mettez en place des virements automatiques pour assurer une épargne régulière
  • Documentez vos choix pour référence future et révision périodique

Points clés à retenir

Le passage du salariat à l'indépendance transforme la planification de la retraite, d'un processus automatique, en une décision stratégique exigeant une gestion active.

Pour les salariés, le deuxième pilier représente un système obligatoire et standardisé. Pour les indépendants, il devient un outil optionnel présentant des avantages distincts – une couverture complète des risques, des déductions fiscales substantielles et une discipline d'épargne structurée – contrebalancés par une flexibilité réduite et des rendements attendus inférieurs à ceux des alternatives du troisième pilier (3a).

L'approche optimale varie selon la situation de chacun. Les indépendants en début de carrière, aux revenus modestes et variables, ont souvent intérêt à maximiser la flexibilité du troisième pilier (3a). Les personnes établies aux revenus élevés trouvent fréquemment le deuxième pilier attractif pour ses avantages fiscaux et sa protection intégrée. Nombre d'entre elles adoptent finalement des stratégies combinées tirant parti des deux options.

Quelle que soit l'approche choisie, l'essentiel est le suivant : en tant qu'indépendant, votre sécurité financière à la retraite dépend entièrement des décisions que vous prenez aujourd'hui. Le système suisse offre d'excellents outils pour se constituer un revenu à la retraite, mais contrairement à votre situation de salarié, personne ne les utilisera à votre place.


Ce guide fournit des informations générales sur le système de retraite suisse et ne saurait être interprété comme un conseil financier ou juridique personnalisé. Chaque situation étant unique, il est recommandé de consulter des conseillers qualifiés connaissant votre situation particulière avant de prendre des décisions importantes concernant votre planification de retraite.